20 avril 2024

Affaire Ravaillac : le journal lycéen gagne son procès contre Henry IV

La décision du proviseur du lycée parisien Henry IV en mars 2002 d’interdire la diffusion d’un journal lycéen, “Ravaillac”, dans l’enceinte de l’établissement, a été annulée par le tribunal administratif de Paris, a-t-on appris samedi auprès des ex-lycéens provocateurs.


La décision en date du 29 mars 2002 est annulée“, indique la 1ère chambre du tribunal administratif de Paris dans son jugement, prononcé lors d’une audience le 21 novembre, et dont l’AFP a obtenu copie.

Un numéro du journal lycéen, consacré à la sexualité, avait semé la perturbation dans le grand lycée parisien. Sous-titré “du cul, du cul, du cul“, le numéro daté du 21 mars 2002, avec en couverture une ribambelle de jeunes posant entièrement nus, avait été considéré par les autorités comme “pornographique”, et interdit de diffusion par le proviseur.

Dans sa décision, le tribunal administratif cite notamment l’article 5L 511-2 du code de l’éducation selon lequel “dans les collèges et les lycées, les élèves disposent dans le respect du pluralisme et du principe de neutralité de la liberté d’information et de la liberté d’expression.

L’exercice de ces libertés ne peut porter atteinte aux activités d’enseignement“. Il justifie son jugement par le fait que “contrairement à ce qu’indique” le proviseur, “la situation du lycée Henry IV est caractérisée par une séparation des élèves du collège et du lycée, et qu’à l’intérieur de l’établissement les plus jeunes élèves (les collégiens) ne sont pas en contact avec ceux du lycée”.

Or, le proviseur s’était fondé essentiellement sur le fait qu’il était nécessaire de préserver la sensibilité des élèves, et notamment des plus jeunes. “La décision n’est pas rétroactive, elle ne change concrètement rien” a indiqué à l’AFP Jonathan Desoindre, l’un des rédacteurs du journal, devenu depuis étudiant. “Sauf que si des lycéens veulent publier un journal avec le même contenu ils ne peuvent plus se faire interdire, ce qui est vraiment important“.
Information obtenue par Philippe E. de nat-fr
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Ed Kellett
16 mars 2004 14h37

tiré du site : http://ravaillak.free.fr/page.php3?page=presse

Communiqué de presse du journal Ravaillac

Réalisé par des lycéens d’Henri IV, Ravaillac est un journal indépendant et amateur. Le n°2, consacré à la sexualité sous toutes ses formes, arbore en couverture une photo de la rédaction entièrement nue.

Choquée par cette “une” et par un discours résolument anti-normatif (dossier sur la pornographie, réflexion sur la prostitution, enquête sur l’homosexualité chez les jeunes et tentative de redéfinition des rapports hommes/femmes, etc…), l’administration de l’établissement fait tout pour suspendre la diffusion du journal au sein d’Henri IV.

Depuis le jeudi 21 mars, nous subissons d’inadmissibles pressions.
Convocations de l’équipe du journal chez le proviseur, menaces de procès, rumeurs de renvoi, interpellations agressives d’enseignants, se multiplient.

Par ailleurs, le proviseur nous reproche d’attenter à la pudeur, d’inciter à la débauche et de troubler la bonne marche de l’établissement. Ils font usage de méthodes odieuses, notamment en exerçant des pressions familiales. Nous sommes soumis à une pression constante, tant à l’école que dans notre intimité. Les méthodes employées pour nous empêcher de nous exprimer sont révoltantes.

Au-delà du sujet abordé dans le deuxième numéro de Ravaillac, c’est notre liberté d’expression, perçue par essence comme un danger, que le lycée Henri IV essaye de museler. C’est pourquoi nous voulons aujourd’hui faire savoir au public ce qui se passe derrière les portes d’un lycée qui se prétend l’un des plus prestigieux de France.

Malvenu d’être nu à Henri 4
-Libération du 27 Mars 2002-

Ils sont cinq. Ils sont nus. Un scotch opaque mais amovible masque leur sexe. Cette photo fait la une du numéro 2 du journal lycéen Ravaillac, paru jeudi dernier. Les modèles font partie de l’équipe de rédaction. Ils sont élèves de terminale ou de classes préparatoires du prestigieux lycée parisien Henri-IV, une des antichambres les plus courues de l’élite française. Ils craignent de payer très cher leur démarche.

Jonathan, 17 ans, directeur de la publication, dénonce des menaces à peine voilées de certains enseignants et du proviseur, Patrice Corre. Ce dernier confirme avoir reçu «des plaintes de parents, de personnels et d’élèves» mais nie avoir proféré «de quelconques menaces, notamment sur la scolarité des élèves concernés». Pourtant, selon Jonathan, «c’est la guerre des nerfs, sans trace écrite, sur le mode “Soyez prudents. Soyez très prudents”». Depuis, la pression monte, Ravaillac, interdit de diffusion, se défend. L’équipe sollicite J Presse, fédération des centaines de journaux lycéens ­ «on est derrière eux», assure Franck Delaire, de cet organisme. Et prend pour avocat Alain Weber, spécialiste de cette presse. Celui-ci commente : «S’il devait y avoir un procès, ce serait un ravissement de les défendre. Si ce journal a causé un trouble, c’est dans l’esprit des adultes, pas des jeunes. Qu’ils s’interrogent sur leur regard.»

Qualité. Les jeunes, eux, l’ont fait. Car la couverture qui fait scandale renferme 28 pages de belle tenue sur le sexe et les lycéens. Critique raisonnée du discours officiel sur l’éducation sexuelle. Enquête sur la pilule au lycée. Calme dénonciation de l’homophobie ordinaire. Approche du porno avec définitions proposées par la sociologie, l’étymologie et la science. Références à Bourdieu (La Domination masculine). Dénonciation de «la sombre réalité de la prostitution féminine». Et deux pages sur le fait qu’ils aient décidé de poser nus: «Accepter le regard d’autrui, même des proches, sur son corps n’est pas évident. […] Le malaise d’une telle photo provient de l’impression diffuse d’un viol d’intimité. C’est justement parce qu’elle provoque un sentiment de malaise que nous avons choisi cette une. C’est ce lien, honteux et biaisé, à la représentation de notre corps que nous avons souhaité ici interroger.» Plus loin, un des membres de l’équipe explique pourquoi il n’a pas posé : «Parce que j’ai le flip.»

L’équipe de Ravaillac savait que ce numéro passerait mal. Jonathan ne le cachait pas voici un mois, lors du festival Ta.pages, grand raout de la presse jeune organisé par J Presse. Il avait déjà été convoqué après la parution du premier numéro. «Ce que je ne soupçonnais pas, ce sont les attaques contre les personnes», confesse Jonathan. La mère de Betty, 17 ans, «parle de porter plainte». Les lycéens soupçonnent le proviseur de l’y avoir incité. Faux, selon lui : «C’est elle qui m’a appelé, samedi, pour me dire qu’elle n’était pas au courant que sa fille poserait nue.»
La réaction fut néanmoins vive, en dépit des précautions prises par l’équipe ­ demander la carte des élèves avant de leur vendre le journal pour s’assurer qu’ils sont bien lycéens et non collégiens (Henri-IV est un collège-lycée). «Mais dès la sortie du journal, que nous vendions à la porte du lycée, le proviseur nous a demandé de nous éloigner à trente mètres», selon Betty. «Mais c’est bien le moins !, défend Patrice Corre. Si je n’avais rien fait, les parents auraient pu s’en plaindre à bon droit. Mon attitude peut passer pour ringarde. Je l’assume.»

Cette affaire constitue la première mise à l’épreuve de la nouvelle circulaire sur la presse lycéenne du 14 février. Elle impose aux proviseurs qui souhaitent suspendre un journal d’expliquer leur décision par écrit. Le texte a été voulu par Jack Lang et présenté comme une avancée de la «démocratie lycéenne». «On ne va pas se plaindre d’avoir un journal engagé alors qu’on a promu la liberté d’opinion», confirme Thomas Rogé, délégué à la vie lycéenne auprès du ministre. «Il est hors de question d’avoir un quatrième procès de la presse lycéenne. Il faut régler cette affaire dans le cadre de la circulaire, en privilégiant le dialogue et la négociation.» Même son de cloche au Clemi, organisme dépendant du ministère et chargé des relations médias-école : «Nous sommes pour la parole des jeunes à condition que les règles soient respectées.»

Portable. Des précautions qui ne s’appliquaient pas, hier à 12 h 30 à la sortie du lycée Henri-IV. Un catalogue de pub gratuit déguisé en journal payant était distribué. On y propose de télécharger des logos sur son portable dont une série plus que suggestive («la brouette», «la flanquette», «l’étau», etc.). Et, en page 2, une pub pour le film Sexy Boys. Slogan «Envoyez la sauce !».
(1) Certains prénoms ont été modifiés.

La “une” du journal du lycée Henri-IV, “Ravaillac”, suscite l’émoi.
-Le Monde du 31 Mars 2002-

Le proviseur suspend la publication “au nom de la protection de la jeunesse”.

Le titre est évocateur : “Du cul, du cul, du cul”. La couverture l’est plus encore : cinq jeunes – trois hommes et deux femmes – posent nus, leurs sexes dissimulés sous une bande de ruban adhésif opaque mais amovible. Ils sont élèves en terminale ou en classe préparatoire au lycée Henry-IV, à Paris, et rédacteurs de Ravaillac, un journal lycéen créé au sein de l’établissement. Dans ce temple de l’élitisme républicain, la publication du magazine – qui porte le nom de François Ravaillac, écartelé en 1610 pour l’assassinat d’Henri IV -a produit un mini-séisme. “Au nom de la protection de la jeunesse”, le proviseur du lycée a officiellement ordonné à la rédaction, par courrier envoyé vendredi 29 mars, de suspendre la diffusion du journal dans l’établissement.

Parce que “le sexe, c’est bon” et que le “système scolaire rechigne à faire passer la jouissance avant le devoir”, les rédacteurs de Ravaillac ont rédigé 28 pages, plutôt bien documentées, parfois drôles, souvent provocantes, sur “le cul”. L’ensemble, vendu 1 euro, n’a pas grand-chose à voir avec les circulaires du Bulletin officiel de l’éducation nationale. On y parle de plaisir, de prostitution ou de pornographie. On s’adresse sans détours aux “jeunes gens assoiffés de galipettes”. On pense à ceux qui ont des pratiques sexuelles différentes (“être homosexuel à Henri-IV”) et à ceux qui les dénigrent (“être homophobe à Henri-IV”). Et on y donne quelques références pour les plus curieux (Pierre Bourdieu, Catherine Breillat, Virginie Despentes… ou Walt Disney).

Une double page justifie le choix des rédacteurs de poser nus pour cinq d’entre eux – et le refus, pour deux autres, de dévoiler leur intimité. Les premiers ont choisi de se “mettre en danger”. “La pratique du journalisme amateur nous semble être dans son essence même une démarche exhibitionniste, de par sa proximité beaucoup plus grande avec le lectorat, expliquent-ils. Lorsqu’un lycéen prétend, par le poids de ses écrits, devenir une sorte de personnage public au sein de la communauté scolaire, n’est-ce pas déjà de l’exhibitionnisme ?” Leurs deux camarades ont refusé cette logique. Parce que “j’ai le flip “, écrit l’un. Pour “ne pas fausser le débat” en le réduisant à une polémique sur une photo, témoigne l’autre.

“UNE MAJORITÉ DE MINEURS”

De fait, l’attention s’est focalisée sur la couverture. Les rédacteurs assurent avoir fait l’objet de “pressions” et de “menaces” sur leur scolarité de la part de l’administration. Ce que le proviseur réfute. “Je n’ai jamais envisagé de porter plainte et je ne me suis pas placé dans le registre de la sanction”, affirme Patrice Corre, qui a décidé de suspendre provisoirement le journal jusqu’à la tenue d’un conseil de la vie lycéenne, mardi 2 avril. “La diffusion de Ravaillac n’était pas opportune dans la mesure où l’un des élèves qui pose en couverture est mineur, et que Henri-IV comprend un lycée et un collège, donc une majorité de mineurs”, explique-t-il.

L’affaire a provoqué une cascade de réactions à la hauteur de la réputation d’un des plus prestigieux lycées de France. D’abord la colère chez les chefs d’établissement : dans un communiqué assez sec, le SNPDEN apporte son soutien au proviseur d’Henri-IV en dénonçant un journal “à connotation pornographique”. Ensuite, l’inquiétude chez les défenseurs de la presse lycéenne : Reporters sans frontières demande l’intervention du ministère de l’éducation nationale, qui prône, prudemment, l'”apaisement” tandis que les deux associations de parents défendent les lycéens : la FCPE-Paris loue “la maturité” des rédacteurs et la PEEP souligne “la qualité”de leur travail. Au total, plus d’une centaine de personnes ou d’associations ont rejoint le comité de soutien du journal, selon les rédacteurs de Ravaillac, qui continuent de diffuser le journal à l’extérieur de l’établissement. Le précédent numéro avait été vendu à moins de 300 exemplaires. Celui-ci a déjà dépassé les 550. Sans compter les photocopies pirates.

Luc Bronner

La belle affaire
– Libération du 30-31 mars 2002-

Le proviseur du lycée Henri-IV à Paris est parfait dans son genre. Responsable de la discipline des études (dixit le dico), il a estimé (lire Libération du 27 mars) que l’apparition à la une de Ravaillac, un journal de son lycée, de cinq élèves ( deux filles et trois garçons) totalement à poil de face nécessitait l’interdiction de diffiusion dudit journal.

Dieu (?) sait pourtant que cette exhibition est pourtant prude puisque les jeunes nudistes ont recouvert leur sexe d’un scotche opaque quoique amovible.

Mais on remarque aussi qu’ils dissimulent leur visage avec leurs mains. Ce qui déjà est un gouffre théorique : Ces lycéens-lycéennes d’Henri IV veulent-ils signifier que la face est aussi sexuelle que la fesse? La lecture de Ravaillac confirme cette tendance cogitante : tout ce qui les travaille, contraception sida, avortement, homosexualité, porno, les a fait bosser pour une série de contributions sous pseudos (Betty Boop, Fouf’ Power, Ze Supervizor) qui oscillent entre “on a fumé la moquette tard dans la nuit”, “on se retrouve à la bibliothèque Sainte-Ginette pour en débattre” et “parle à ma tête, mon cul est malade”.

Bref, un fanzine sur la brèche, joyeux et fatalement potache (la chronique “Militantes” est un régal). Où courent, quartier Latin oblige, deux ou trois allusions aux années 68 : “Jouissez sans entraves” rappelle une brève page 3. C’est ça qui est fou dans cette histoire plus comique que tragique. Un effet de machine à remonter le temps que ces moins de 20 ans ne peuvent connaître. Premier arrêt de ressemblance: 1979, la pochette de l’album Crache ton venin où le groupe Téléphone posait nu, et la queue coincée entre les cuisses en ce qui concerne les garçons. Deuxième stop : les années pré-68 où l’apparition dans n’importe quel lycée de France du moindre journal normal, a fortiori un journal d’élèves, déclenchait illico le plan Orsec-par ici la sortie. L’«affaire» Ravaillac tendrait donc à prouver que, trente-cinq ans plus tard, il n’y a pas que la mode qui revient aux jeunes mais aussi, faites passer la bonne nouvelle, les idées. Les temps changent, mais pas le proviseur du lycée Henri-IV.

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