par LAVAUX (VD) Célèbre pour ses vignes, la commune d’Epesses bataille depuis des années contre les naturistes qui squattent l’une de ses plages. La tension vient encore de monter. “Couvrez-vous!” ordonne la Municipalité, qui promet désormais de tout mettre en œuvre pour punir les contrevenants.
Rien à faire. On les traque, on les met à l’amende, on les somme par lettre ouverte de déguerpir, mais c’est comme si on pétait dans un violon. Le lendemain, les revoilà déjà, tout bronzés et zizis à l’air, caressés par la brise du Léman et ces mêmes rayons qui font gonfler les bonnes grappes du Lavaux. A Epesses (VD), tout le monde vous le dira: les naturistes qui fréquentent la commune sont des gens très tenaces…
Mardi dernier, sous la plume de sa syndique, Nicole Gross, la Municipalité renouvelait son avertissement au public dans une lettre publiée par 24 Heures. Elle y rappelle que “le nudisme est interdit sur ses plages”, regrette “le manque de déontologie de certains journalistes” qui affirment le contraire et promet qu’elle utilisera désormais “tous les moyens pour faire appliquer les dispositions légales”.
Costume décent exigé
Au coeur du psychodrame: la petite plage de La Budaz. Juste au-dessous de la ligne de chemin de fer Lausanne-Vevey et du restaurant Le Vieux-Moulin, à demi cachée par les vignes et bordée par un ruisseau nommé le “Rio d’Enfer”, La Budaz attire depuis des années les adeptes du bronzage intégral. Ils arrivent là en voiture, à pied ou en train. Ils se faufilent entre les ceps jusqu’aux galets de la rive, et adieu les caleçons. Tout le monde à poil.
La bagarre avec la commune a commencé en 1994. Excédée par les nudistes qui squattent les lieux, Epesses vote cette année-là un nouvel article de son règlement communal: “A l’exception des enfants en bas âge, les baigneurs qui empruntent les plages ou les lieux publics communaux sont tenus de porter un costume décent.”
C’était il y a plus de dix ans, mais depuis lors, soupire Nicole Gross, “rien n’a changé”. Dès les premiers rayons de soleil, les naturistes font leur retour, plus difficiles à disperser qu’un vol de moineaux faisant bombance dans le vignoble.
Quel mal font-ils ? A vrai dire aucun, sauf qu’ils heurtent certaines sensibilités et s’assoient sur le règlement communal, allant jusqu’à suspendre leurs slips à l’écriteau interdisant de se mettre nu sur la plage…
Visite des gendarmes
Nicole Gross reconnait qu’ils font eux-mêmes la police pour éviter les comportements douteux. “Mais leur présence choque les habitants du village, qui n’osent plus descendre eux-mêmes à la plage. Ces nudistes sont en zone publique, on les voit depuis le chemin et depuis le train. Or cette plage appartient à la commune. Il est inadmissible que nous soyons ainsi mis devant le fait accompli.”
Des contrôles ont été effectués par la police cantonale, quelques contrevenants ont été verbalisés – 200 francs d’amende – mais, depuis 2003, plus rien. “D’abord, dit la syndique, la gendarmerie est en sous-effectif. Elle a d’autres chats à fouetter. Ensuite, les nudistes voient les agents de loin. Et ils se rhabillent aussit”t.”
C’est même le conseil qu’ils reçoivent sur Internet. Un site qui répertorie les lieux naturistes de Suisse romande fait la nique au règlement communal en signalant la plage d’Epesses avec l’avertissement suivant: “Il est parfois nécessaire de s’habiller en vitesse à cause de la visite des gendarmes.”
Et voilà que, le 26 juillet dernier, c’est Migros Magazine qui met à son tour les nu-pieds dans le plat. A la fin d’un article consacré aux joies du naturisme, l’hebdomadaire publie une liste de lieux sous le titre “Où tomber le maillot”. Et cite joyeusement la plage d’Epesses… Aussitôt, la commune se fend d’un rectificatif que le magazine de la Migros publie peu après, suppliant ses lecteurs de “rester couverts” sur la plage de cette commune.
Syndique sur la plage
Mais pas de chance! Le même jour ou presque, c’est cette fois 24 Heures qui fait allusion à la même plage dans une chronique sur les rives du Léman et le naturisme… Ce qui oblige Nicole Gross à reprendre sa plume pour conjurer le public de bien vouloir comprendre, une fois pour toutes, que le bronzage intégral est illégal sur le territoire de la commune.
Le lendemain même de la parution de sa lettre dans 24 Heures, nous sommes descendus avec elle sur la plage pour y prendre une photo. Etendus sur leur serviette, l’oeil mi-clos, les baigneurs ont posé sur elle le regard vague et somnolent d’une colonie de morses à l’heure de la digestion. Tous étaient à poil. Pas un seul n’a bronché.
A Epesses, “prêcher dans le désert” se dira peut-être bientôt “exiger le port d’un caleçon sur la plage”.
© Le Matin Online
http://www.lematin.ch/nwmatinhome/nwmatinheadactu/actu_suisse/madame_la_syndique.html
Il faudrait que Madame la syndique d’Epesses se renseigne avant de brandir des gros mots comme “illégal”..
Avec une jurisprudence, en Suisse, qui punit l’exhibitionnisme, mais pas la nudité en soi, son cher règlement communal est contraire au droit applicable. Et restera certainement encore longtemps lettre morte.
Yvonand est une autre commune vaudoise qui abrite une plage naturiste “sauvage”. Et la municipalité y a eu le bon sens de se renseigner avant de prétendre interdire quoi que ce soit.
Comment reprocher à l’homme de chercher à retrouver sa véritable nature, celle d’être nu pour au final être bien dans sa peau. Qui cela heurte si ce n’est des peronnes mals dans leur peau et qui ont de surcroit la facheuse tendance d’assimiler le naturisme à des pratiques exhibitionistes. En France, la commune de Ramatuelle a positionné des pancartes signalétiques aux abords des secteurs naturistes pour les localiser et finalement “légaliser” cette pratique. Compromis de la part des élus et surtout bon sens.
o nudismo ou naturismo são praticas que devemos divulgar e são diferentes de exibicionismo… caso existam atitudes como esta devemos pensar bem
Mort de rire ! Cette histoire est digne du gendarme de St Tropez…