Le village d’Epesses ne veut plus voir de zizis au vent. La loi sera appliquée et les naturistes devront s’habiller… Patrouilles de police et amendes salées, la Municipalité veut bouter les naturistes hors de sa plage. Fâchés, ils entrent en résistance 15/07/2007
Vendredi midi, une quinzaine de naturistes scrutaient, incrédules, le nouveau panneau installé le matin même sur la plage d’Epesses (VD). Le message est clair: fini le laxisme! Après trente ans de cohabitation, la Municipalité du petit village vient de décider d’employer les grands moyens pour se débarrasser des nus. «Je n’ai rien contre eux, souligne la syndique Nicole Gross. Nous avons simplement décidé de faire respecter la loi.» Depuis un règlement communal de 1994, le naturisme est prohibé. Mais reste une spécialité de la petite plage de La Budaz. «Faute de volonté ou de moyens, la loi n’a jamais été appliquée», admet la syndique.
Des citoyens se plaignent
Changement de cap. La Municipalité vient d’instaurer une collaboration avec la police de Lutry. Des agents seront donc disponibles pour veiller à ce que personne ne se balade l’organe à l’air. «Jusqu’à la fin du mois, les policiers distribueront des avertissements, explique Nicole Gross. Dès août, les récalcitrants seront amendés: 150 fr. plus les frais, soit 190 fr. Lavaux est maintenant au Patrimoine mondial de l’Unesco. Et je préférerais qu’Epesses soit connu pour son vin ou son paysage que pour ses nudistes…»
Pourquoi tant de hargne? «Beaucoup d’habitants se plaignent car on peut voir les nudistes depuis la route, le train ou le sentier pédestre, rétorque Nicole Gross. Les week-ends ensoleillés, ils sont 40 à 50, venant de toute la Suisse romande! Ça a assez duré. Tant pis si on me traite de ringarde pudibonde.»
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«Beaucoup d’habitants se plaignent car on peut voir les nudistes depuis la route, le train ou le sentier pédestre»
Nicole Gross, syndique d’Epesses
“Une plage bien entretenue
Bien vu, Mme la syndique. Sur la plage, les critiques pleuvent. «Elle a l’esprit aussi étroit que les rues de son village», balance une jeune naturiste habituée des lieux. Tous, ici, dénoncent une Municipalité «psychorigide». «C’est ridicule, explique un adepte, la cinquantaine. Notre plage est encaissée, difficile d’accès et coincée sous les vignes. Il faut le vouloir pour nous voir. On ne dérange personne.»
Un autre sans-caleçon, la soixantaine, avance un second argument: «C’est nous qui avons créé cette plage. Chaque printemps, on construit des digues, sans quoi elle disparaîtrait presque entièrement. Et on la nettoie jour après jour.» Nettoyait, plutôt. Car si les naturistes sont bien décidés à ne pas abandonner leur coin de liberté, leur première mesure a été de ne plus entretenir la plage. Du coup, l’employé communal croule sous le travail.
«Heures de boulot, panneaux, agents: c’est fou le pognon qu’ils dépensent pour nous chasser, persifle un autre naturiste. Maintenant, on va jouer à cache-cache avec les policiers. Ça va être digne du «Gendarme de Saint-Tropez»! De toute façon, c’est crétin: chaque fois qu’on parle de nous – en bien ou en mal -, ça attire de nouveaux adeptes à Epesses…»
10’000 adeptes, deux clubs et des «randonues»
En Suisse romande, il n’existe aucune plage publique ou l’on peut tomber le maillot. Du coup, la Fédération helvétique de naturisme cherche un emplacement privé. «Mais avec le prix du terrain et le nombre de coincés qui nous gouvernent, ce n’est pas gagné», commente Ivan-Pierre Moser, 61 ans, membre du Camping Club Léman, près de Lausanne, et ancien président d’un cercle naturiste.
«En attendant, explique-t-il, les deux seuls clubs privés, celui de Veyrier (GE) et le nôtre, croulent sous les demandes d’adhérents. Pour ne pas être hors la loi, les 10’000 naturistes suisses licenciés pratiquent donc maintenant surtout à l’étranger, en vacances.»
Un vrai engouement
En parallèle, beaucoup goûtent aussi au naturisme sauvage. Les emplacements – aussi nombreux que changeants – se dénichent facilement sur Internet. Mais la grande mode du moment, c’est la «randonue». L’idée est d’aller se balader zizi à l’air en forêt ou en montagne. Plutôt à l’aube, histoire de ne pas croiser des hordes de badauds vêtus.
«Hier à 11h, tenue très légère et départ en forêt, dans la région de Marly (FR). Après 50 m j’enlève mon minimum, comme d’habitude. Je reste à poil (avec sandales). Les samedis et les dimanches, c’est différent. Du textile partout», raconte un impudique sur un forum spécialisé. «Près de Genève, nous avons le Petit-Salève et très souvent nous marchons nus une heure et demie à deux heures, le matin en semaine», écrit un autre adepte de la «randonue».
http://www.lematin.ch/pages/home/actu/suisse/actu_suisse__1?contenu=278299
Par contre tolérance ce WE alors que l’annonce des autorités datait du début de semaine : http://naturismevacances.skynetblogs.be/post/4758666/news-de-suisseA surveiller donc
Cette décision réactionnaire, qui ne fait plaisir qu’aux mauvais esprits, c’est RÉVOLTANT!!
Bonjour,
Je ne comprends vraiment pas pourquoi un tel comportement vis à vis des naturistes.
Nous ne faisons pas de mal, nous sommes dans notre grande majorité beaucoup plus respectueux des autres et de la nature.
Les dirigeants de nos pays devraient venir faire un tour sur les plages qui nous sont ’’réservées ‘’ils pourraient voir d’une part que les lieux sont propres(ce qui n’est pas toujours le cas sur les plages textile) et que les gens ne sont agréables et détendus
Pour info à http://www.leregional.ch/www/article/article.php?rub=2&id=1686®ion=16
A Epesses, les naturistes montrent les crocs
Pétition o Dans un document qui vient d’être remis au Conseil communal, 495 signataires réclament un moratoire de deux ans en faveur des nudistes.
Gendarmes tapis derrière les bosquets, amendes d’ordre de 190 francs, plage laissée à l’abandon; trop, c’est trop! «On se croirait sous le KGB», tonne l’un des 495 signataires de la pétition qui vient d’être remise au Conseil communal d’Epesses, ainsi qu’au Tribunal administratif et à l’Office du Tourisme du Canton de Vaud.
Les pétitionnaires réclament un moratoire de deux ans afin de réfléchir à l’avenir de la plage de la Budaz, arguant l’ampleur de cette pratique en Europe et l’absence de lieu réservé à cet art de vivre sur tout l’arc lémanique. «30% des touristes visitant la Suisse proviennent de pays où environ 15 millions de personnes pratiquent le naturisme», précise la pétition. Les usagers de la plage se disent en outre prêts à fonder une association dont les cotisations seraient reversées à la commune.
Les citoyens décideront
Pour la syndique d’Epesses, Nicole Gross, «cette pétition est une bonne chose, car le problème pourra être traité dans un cadre démocratique et non pas passionnel comme jusqu’à présent.»
Il appartiendra donc au Conseil communal de décider de l’abrogation de l’article 41 b qui stipule: «tenue correcte exigée». Le cas échéant, les citoyens d’Epesses auront le dernier mot. Christian Chappuis, Président du conseil communal, n’a fait aucun commentaire et attend la prochaine séance pour se prononcer.
Pour Florence Siegrist, préfet du district de Lavaux, «une commune a la possibilité de réglementer l’usage qui sera fait de son domaine public, mais elle doit le faire dans un cadre qui ne soit pas contraire à la constitution.» Telle sera la question dont il faudra débattre, car, à ce jour, aucune loi cantonale n’interdit le naturisme.
20 ans de bons et loyaux services
«Lorsque nous sommes arrivés sur cette plage, il y a 20 ans, explique une naturiste, la Budaz était un mouchoir de poche». C’est patiemment, et grâce aux bons soins d’un retraité qui y consacre plusieurs heures par jour, que ce site est devenu une belle plage, entretenue régulièrement et agrémentée de bambous, «en partie arrachés par la commune qui avait pourtant promis de l’entretenir et qui ne fait rien», souligne encore cette habituée.
«Entre Villeneuve et Lausanne, c’est le seul endroit qui permette une certaine décence vis-à-vis des non-pratiquants (réd: car cette plage est à l’abri des regards). Je nous vois mal devant le Château de Chillon, ironise un habitué, offusqué par l’attitude des autorités, digne d’un régime bananier».