Une pièce vide. Aucun espace scénique n'est défini et chacun se déplace librement. Un homme et une femme marchent en silence. Leur tête est masquée par une boîte, ils sont aveugles et avancent à tâtons. Leurs mains sont gantées et aucune parcelle de leur peau n'est visible. Confrontés à leur propre enfermement, à l'espace et au public, ils vont se mettre à nu. Commence alors une transe rituelle qui projette les corps dans l'espace, sur les murs et parmi le public qui ne reste pas spectateur, mais est invité à participer à ce rituel. (durée 45 mn)
LA SUITE DE CET ARTICLE Souscrire abonnement |
“Le public est invité à participer”: j’avais pensé que le public se dénuderait à son tour.
Ce duo
(EtXea, Frédéric et Gloria) offre une belle performance épurée, riche de symbolique, pleine de tensions, de douleur et de douceur, bien mise en scène. La “participation” du public est déjà là puisque le spectacle vit parmi lui, ce qui déjoue le caractère séparatiste de l’exhibition classique (d’où le titre, inexhib); c’est un jeu qui se veut non plus contre ou pour mais avec. Ainsi, le masque du début tombe vite, violemment; et les sourires d’un public un peu tendu ou étonné laissent place à un ressenti plus grave. Le passage où l’homme sert de banc a une connotation très féministe.
Dans un style plus agité, le spectacle de Dave St-Pierre La Pornographie des âmes rcemment donnée à Vanves (voir article précédent) tente aussi, de manière plus limitée, une certaine communion avec le public.
—
— http://www.dfdanse.com/article472.html
quand on dit ‘je pensais que le public serait invité à se dénuder à son tour’ on rejoint la pièce NUDITE où justement le public et le personnel d’accueil devait être nu en plus des acteurs
Je trouve original qu’il y ait une intéraction entre les acteurs et le public.
Sinon, dans tous ces spectacles, est-ce que nous sommes à même à faire la distinction critique entre ce qui relève de la création artistique de ce qui est ‘prétexte’ purement gratuit à mettre en oeuvre la nudité là où elle ne s’impose pas vraiment ?
Face à l’air dit contemporain ou moderne , comme onvoudra, je suis parfois partagé entre l’admiration, l’émotion de la création du ‘on nous prend vraiment pour des c….’
Bien entendu, avis personnel
Peut-être, Delest67, mais dans le théâtre ou la danse contemporains (ou en musique aussi, comme en peinture), il y a aussi souvent, nudité ou pas, le côté “performance”.
On va dans un spectacle “où il se passe quelque chose”, ce quelque chose n’étant pas forcément artistique, du moins selon les canons classiques, mais pouvant être une “expérience”.
Si on veut se mettre à définir ce qui est art ou ne l’est pas, on discutera encore demain!Mais ne faut-il juger un spectacle (un tableau etc.) que sur sa seule valeur artistique? On peut aussi s’intéresser, au-delà du côté artistique, sur les questionnements que cela peut soulever.
Bon, je crois que le débat est ouvert.
Je pense aussi que l’on peut faire assez aisément la différence entre ceux qui “ont quelque chose à dire” et les autres, quel que soit le mode d’expression utilisé. Dans certains cas, ça sera une nudité purement gratuite, et dans d’autres, elle induira des sensations ou des réflexions plus riches.
Que les danseurs soient nus ou en tutu, ce n’est pas le costume (ou son absence) qui fait le danseur.