29 mars 2024

Cop 26 – autoportraits nu dans la nature

COP26. Le photographe Gaspard Noël propose des autoportraits nu dans la nature, une démarche “instinctive et militante” en lien avec l’environnement

Gaspard Noël est installé à Lille depuis 6 ans. Le photographe réalise actuellement une nouvelle série d’autoportraits, baptisée Oxygène, pour laquelle il se photographie nu dans les arbres des Hauts-de-France.

C’est un terrain de jeu universel. Quel enfant n’a jamais grimpé aux branches des arbres ? Tour à tour bastions imprenables d’une bataille imaginaire, refuges solitaires propices à la réflexion ou simples points de vue sur la nature environnante, les arbres sont partout sur la planète, ou presque.

Moi qui aime bien théoriser à tort et à travers, je n’ai pas envie de le faire vis-à-vis de mon rapport aux arbres. Je les aime. C’est tout.” Gaspard Noël est photographe. Il a trouvé à Lille et dans sa région “un espace arboricole compatible avec une forme humaine“. 

Des arbres familiers

Autour de la Citadelle, dans le jardin des plantes, les parcs de Lille et à proximité comme au parc Barbieux de Roubaix, mais aussi dans celui du Héron ou la forêt de Phalempin, le choix est large. “Ces arbres m’intéressent pour la simple raison qu’ils sont là. Ce sont les arbres qui enchantent mon quotidien. Ils valent à mes yeux autant que n’importe quels autres.

J’aimerais entrer en relation, échanger, avec chacun des arbres de la région.Gaspard Noël

Gaspard Noël a intitulé sa nouvelle série d’autoportraits “Oxygène”. Quand on interroge le photographe sur le lien qui l’unit aux arbres, il décrit une relation particulière : “J’aimerais entrer en relation, échanger, avec chacun des arbres de la région. Une photographie matérialise un lien, un fil. Cette série est comme une toile. La toile, une assise dans la réalité. Je veux ‘être avec‘ et je passe beaucoup de temps dans les arbres”.

Des panoramas extraordinaires

Chaque semaine, l’artiste trentenaire part donc en forêt pour revenir avec des dizaines d’images et assembler ses panoramas. Il travaille au trépied avec un Nikon D850 et trois focales fixes : 50mm, 100mm et 300mm. Ses photos sont prises au retardateur ou à l’intervallomètre. Elles sont retravaillées mais, tout est vrai.

https://www.instagram.com/gaspardnoelphotograph/

« de 4 »

La notion de panorama implique un assemblage de photographies. “Je fais régulièrement apparaître plusieurs personnages dans mes mises en scène, or je travaille seul. On comprend bien la nécessité de ‘découper’ les différents protagonistes pour les mettre sur une seule et même image.” 

Pas question pour autant d’imaginer que son personnage est artificiellement placé dans le paysage ! “Si on me voit accroché par les pieds à une branche, j’ai réellement été accroché par les pieds à cette branche. Je ne sépare jamais un corps de son environnement, je ne déplace jamais rien. Je me contente d’aplatir sur une même image des ‘moments’ qui, dans la réalité, n’ont pas eu lieu simultanément.

Nu pour faire corps avec la nature

Pour Gaspard Noël, la nudité est d’abord un moyen, un raccourci facile qui permet l’expérience : “parce qu’on n’a pas l’habitude d’être nu face au monde, se déshabiller active tout un arsenal de capteurs“. La nudité induit aussi une forme de sincérité, voire d’humilité selon le photographe. “Au moindre coup de vent, on frissonne. À la moindre égratignure, on saigne. Sous le soleil, sur la glace, dans les orties, on brûle.”

https://www.facebook.com/gaspardnoelphotography/posts/2626021000775147

Chaque autoportrait découle d’une sorte de rituel. Depuis plus de 20 ans qu’il en réalise partout dans le monde, il a acquis des automatismes dans la manipulation de son appareil. Il sait d’instinct combien de temps lui sera nécessaire pour atteindre le lieu de la pose, l’espace dans lequel il pourra évoluer sans sortir du cadre. Et pourtant ses images reposent sur une pure singularité : “la rencontre de mon corps avec une disposition du monde qu’il n’avait jamais connu jusqu’alors“.  

Gaspard Noël cherche à découvrir, à définir et à matérialiser, par le biais de l’autoportrait, une forme de rapport juste au monde. Son rapport à la nature est à la fois instinctif et militant. Instinctif, parce qu’il découle pour lui d’une évidence. “Nous sommes issus de la nature. Nous avons grandi grâce et avec elle. Il est essentiel de rester en contact avec elle.” Et le photographe précise sa pensée : “nos particularités d’humains ne nous placent pas au-dessus d’elle, il doit y avoir une juste façon d’être les grands singes hyperactifs et hyper-créatifs que nous sommes sans mettre l’écosystème de la planète en danger.

Un acte militant et familial

Alors que se déroule à Glasgow la COP 26, conférence internationale sur le climat, l’artiste-photographe s’engage. L’humanité conquérante, toute-puissante, éventuellement victorieuse de sa course technologique contre l’autodestruction, l’effraie.

Je rêve d’une vie réfléchie, complexe, sensorielle, exaltante et pacifique. D’une vie non pas dans la nature, mais à son contact et à son écoute.Gaspard Noël

L’avenir d’une espèce humaine désincarnée, assistée, interconnectée et belligérante, très peu pour lui : “je rêve d’une vie réfléchie, complexe, sensorielle, exaltante et pacifique. D’une vie non pas dans la nature, mais à son contact et à son écoute. D’une humanité où la préservation du reste du monde ne serait pas un effort à produire, mais une évidence collective, portée au quotidien, car assise sur un lien véritable et heureux avec notre environnement. C’est ce lien, que je crois possible, que j’essaye de représenter dans mes photographies“.

Série “Ezéchiel” – Gaspard Noël perché sur un tronc d’arbre, le photographe comme un oiseau en vigie au cœur de l’étendue sauvage de Fuerteventura aux Canaries. • © Gaspard Noël

Père de deux jeunes garçons, Gaspard Noël met en harmonie son regard sur le monde avec l’éducation qu’il donne à ses enfants. Et même au-delà. Avec sa compagne, Vanyda, autrice de bandes dessinées, ils participent “au développement d’une jeune troupe” dans la crèche parentale Les petites Canailles à Lille.

“On a fait de la Terre une bulle dont la paroi interne est opaque. Nous nous sommes enfermés dans une caverne. Quand est-ce que vous avez vu votre dernier ciel étoilé ? Et vos enfants, combien de fois ont-ils aperçu la Voie Lactée ? ” Et il constate que “nous vivons des vies extraites de notre milieu naturel“.

Pour ne pas vivre en dehors de la nature, il y a des petits gestes faciles à faire. “Nous passons tous nos mercredis dans une cabane de corde construite, avec le souci de n’abîmer aucun arbre, au cœur d’une forêt lilloise, à lire des livres en regardant les feuilles changer de couleur. On y est heureux. Je crois qu’en allant dans ces directions, on pourrait l’être à bien plus grande échelle.

“Hypothèse fruitière” présenté lors de l’exposition de Gaspard Noël dans le cadre du salon Comparaisons – ART Capital au Grand Palais à Paris (2017). • © Gaspard Noël

Face aux enjeux climatiques de la planète, la réponse de Gaspard Noël est donc toute simple. Il essaie de la transmettre à ses enfants et au public qui le suit. Sur les réseaux sociaux, le photographe partage son travail et reçoit les critiques, largement positives, des femmes et des hommes dont il a appris à respecter l’œil et la pensée. Grâce à eux aussi il progresse “dans ma façon de faire et d’exister”. Un lien “infiniment précieux” comme celui qui le lie à la nature.

Publié le 07/11/2021 à 09h00 • Mis à jour le 07/11/2021 à 21h13

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