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Si on voit des personnes nues partout dans l’art, c’est aussi à cause de la religion qui nous a habitué à voir des corps nus …masculins
"Pour nous aujourd’hui, le nu c’est surtout le nu féminin. Mais en réalité, pendant très longtemps et jusqu’à la Renaissance italienne, le nu était quasiment uniquement masculin", explique Claire Maingon, historienne de l'art et maîtresse de conférences en histoire de l'art contemporain à l'Université de Rouen. Elle est l'autrice de L'Œil en rut, Art et érotisme en France au XIXe siècle (Éditions Norma, 2021) et revient sur la symbolique du nu à travers les âges.
Le nu divin et masculin
À regarder l’art antique, on pourrait presque croire que les Grecs vivaient sans vêtements tant les corps sont dénudés dans l’art de l’époque. Mais c'est plutôt que la plupart des statues antiques ne sont pas la représentation d’un homme mais d’un dieu. "On utilise le nu comme une manière idéalisée de représenter ces divinités, analyse Claire Maingon. Ce ne sont pas des corps réalistes qu’on représente, c’est ce qu’on appelle des canons : la mathématique parfaite du corps, le corps idéal, etc. Donc, dans cette tradition du nu, il n’est pas question d’érotisme ou de sexualité, il est question de beauté, de moralité, de perfection."
Satue d'Apollon
Un corps symétrique, jeune, sportif est ainsi assimilé à des qualités morales, c’est ce qu’on appelle le "Kalos kagathos", précise l'historienne, "une notion qui nous vient de la philosophie antique et qui consiste à dire que la beauté est toujours morale". C’est pour ça que les statues de l’Antiquité, principalement des hommes, ont de petits pénis. Un sexe plus imposant aurait pu être jugé pervers, donc amoral, ce qui est incompatible avec la perception de la divinité.
De la même façon, les rares corps féminins dénudés, presque tous des représentations de Vénus, ne doivent pas susciter le désir : "Il y a un type très particulier de sculpture qu’on appelle la pudica, la posture pudique, qui veut que la femme nue soit représentée, oui, mais elle doit tourner son visage de côté, elle ne doit pas entrer en interaction avec le spectateur, elle se cache la poitrine, elle se cache le pubis, elle est innocente du regard que nous portons sur elle."
"La pudica" reprsente le plus souvent Vénus se cachant les seins et le pubis.
Le nu oublié puis féminisé
Mais même innocents, les seins, les fesses, les sexes, ne sont presque plus exposés pendant le Moyen Âge chrétien. Il existe toujours des représentations de la nudité mais elles sont confidentielles, et penchent plus vers l’érotisme. D'ailleurs, Claire Maingon souligne que "l'érotisme et la pornographie ont toujours existé dans l’histoire de l’art, simplement on les trouvait dans des contextes très particuliers comme dans des maisons closes. Si vous allez dans des lupanars de Pompéi qui existent toujours, il y a aux murs des images pornographiques qui montraient le programme auquel le client pouvait s’attendre."
Mais à la Renaissance, quand Sandro Botticelli peint La Naissance de Vénus, il remet le nu au goût du jour. Et sous couvert de mythologie, on découvre une femme sensuelle dans son regard, dans sa chevelure … Et le corps nu de la femme devient un thème récurrent de la peinture. Dans les écoles d’art, la maîtrise du nu, de ses formes, de ses teintes, de ses ombres, devient un savoir-faire quasi inconditionnel pour devenir un artiste.
'La Naissance de Vénus', 1485–1486 peinture de Sandro Boticelli
Le nu social
"Le problème c’est quand la nudité est réaliste, affirme la spécialiste, Courbet, Manet, sont des artistes qui ont posé problème parce que, justement, ils ne cachent pas le corps de la femme derrière un mythe. Ils représentent de manière franche et directe un corps réel." Ainsi depuis le XIXe, la nudité n’est plus en lien avec la religion ou la mythologie. L’image idéalisée d’un corps alliant beauté et morale s’efface au profit du réalisme qui donne à voir le nu social, cru et fatigué.
Pour l'historienne de l'art, "c’est parfois une peinture sociale. Quand Manet représente l’Olympia, il représente une prostituée. C’est une peinture qui n’est plus uniquement là pour amuser, divertir, exciter, elle est là aussi pour réfléchir sur l’époque." C’est ce à quoi s’emploient des artistes qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, s’approprient le corps comme un outil, un instrument.
"L'Olympia", 1863, peinture d'Édouard Manet.
"On a un certain nombre d’artistes femmes comme hommes qui vont utiliser leur corps comme propre matériau de leurs œuvres, raconte l'historienne*. Ça peut être pour des artistes féministes qui défendent le droit à revendiquer leur féminité et à revendiquer la propre représentation de leur corps, je pense à Valie Export, Orlan, Marina Abramović par exemple ou Niki de Saint Phalle aussi qui vont représenter des corps de femmes et ça c’est assez neuf car avant le XXe siècle les femmes peintres représentent très très peu des corps féminins ou masculins nus."*
Du corps nu masculin idéalisé et mythifié au corps féminin érotisé, l’histoire de l’art a façonné notre regard sur la nudité. Un regard qui, aujourd’hui, est de plus en plus confronté à la diversité des corps : des corps vieillissants,
des corps de toutes couleurs, de toutes morphologies, des corps malades, etc. Reste à savoir comment ces récentes représentations peuvent changer notre regard sur notre propre corps ?
Philippe, je ne peux pas croire que tu aies publié ce texte sans le lire, mais sinon, comment expliquer l'absence de commentaires sur toutes les âneries que contient cet article ? J'ai cherché sur le Web, cette Claire Maingon est véritablement enseignante à l'université de Rouen. C'est à n'y pas croire, comment a-t-elle obtenu son diplôme ? Je viens de passer la matinée au Louvre, salles des antiquités grecques et égyptiennes, tout y dément ce texte, dont la fin me fait penser qu'elle ne connait que l'art du XXe siècle, et pas grand chose avant...
A l'origine. De quelle origine parle t on ? Parce que les premiers nus de l'humanité sont préhistoriques, et avant l'antiquité, et ils sont beaucoup plus féminins que masculins. (source : "anthologie de l'art nu")