Une festivalière poursuivie pour avoir marché seins nus dans les rues d'Aurillac pendant la canicule
Un rassemblement se déroulera ce samedi 26 août, à midi, devant la mairie d'Aurillac.
Un millier de manifestants derrière Marina, poursuivie pour exhibition sexuelle après avoir marché seins nus à Aurillac
Publié le 26/08/2023 à 17h37
La manifestation a traversé la ville. © Jérémie FULLERINGER
"Aurillac topless, la Police en PLS." Même Marina a douté. Quelle ampleur pouvait prendre le mouvement qu'elle a essayé d'impulser, jeudi, après avoir été amenée au commissariat. Contrôlée par la police, elle avait refusé de mettre un t-shirt sur sa poitrine nue, mercredi 23 août, et le contrôle avait été jusqu'à l'audition libre, avec des poursuites et une ordonnance pénale, pour exhibition sexuelle.
Une festivalière poursuivie pour avoir marché seins nus dans les rues d'Aurillac pendant la canicule
Rendez-vous avait été donné à midi samedi 26 août, sur la place de l'Hôtel-de-Ville, un peu sur les réseaux sociaux, un peu à l'oral alors qu'elle parcourait le festival avec une pancarte expliquant sa situation. Et « j'avais l'impression qu'il n'y avait quasi personne à 11 h 45… » Sauf que la place s'est remplie, et que l'effet d'entraînement espéré – les participants craignaient d'être trop peu nombreux pour pouvoir enlever le haut – a eu lieu.
Les hommes ont également participé.
Le tribunal d'Aurillac attaqué en marge d'une manifestation féministe au Festival du théâtre de rue
Déjà, des Acab (All cops are bastards, une insulte américaine à destination des policiers) et des slogans anti-police étaient scandés, prélude à la suite, parfois remplacés par des slogans plus proches de la première cause : « Libérez nos tétons de vos regards cochons ! »
Long serpent, la manifestation a filé à travers les rues étroites d'Aurillac, envahissant le Gravier, s'arrêtant sous la préfecture, et terminant devant le tribunal, avec, par endroit plusieurs milliers de personnes. « La manifestation ne m'appartient pas, il ne s'agit pas de moi, se détache Marina. Il s'agit de toutes les personnes discriminées. » Et sur le festival, elles ont été nombreuses à adhérer au message.
Pierre Chambaud
Une police et une justice désarçonnées par cette "nudophobie vintage", avec en plus de la "discrimination patriarcale" au niveau du torse, dont la nudité serait autorisée aux hommes et pas aux femmes. Mais qu'est ce que vient faire le 222-32 du CP dans cette affaire, par un jour de canicule ?
Évidement Youtube a classé la vidéo dans la catégorie adulte, cachez ce téton qu'on ne saurait voir ! En même temps, si même les magistrats de notre Cour "suprême" ne mollissent pas pour écrire noir sur blanc que le fait pour une femme de découvrir sa poitrine "est constitutif de l'exhibition sexuelle", on ne peut pas en vouloir aux gens chargés de faire appliquer la loi, et les slogans anti-police sont totalement contre-productifs. C'est dommage de dénaturer cette action, c'est à croire que certains hommes veulent la pourrir. Et ne parlons même pas des casseurs, c'est encore une autre histoire.
On ne peut qu'applaudir la détermination de ces femmes mais pour nous (les hommes) c'est difficile de les aider concrètement parce qu'on peut se montrer torse nu sans problème, donc sans risque, et inciter les femmes à faire de même peut nous faire suspecter de voyeurisme à peu de frais.
Toutes les femmes doivent se mobiliser pour ce combat quitte à aller jusqu'à la CEDH, car faire avancer l'égalité des sexes est un vrai combat.
Et d'un point de vue du naturisme il faut obtenir la dépénalisation "du haut" avant d'espérer pouvoir obtenir celle "du bas" dans l'espace public.
À propos de la sanction pénale, je suis étonné d'apprendre que Marina a fait l'objet d'une "ordonnance pénale", procédure en principe réservée aux petits délits non passibles de prison alors que l'exhibition sexuelle est passible d'un an d'emprisonnement.
Et en effet, après vérification, c'est possible:
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F36141
- Vol simple
- Filouterie d'aliments, de carburant...
- Vente à la sauvette
- Exhibition sexuelle
- Recours à la prostitution
- Abandon de famille (non paiement de pension alimentaire)
- Outrage à une personne chargée d'une mission de service public
- Diffamation par la presse ou tout moyen de publication
- Injure par la presse ou tout moyen de publication
On constate donc que "l'exhibition sexuelle" est noyée dans d'autres infractions secondaires, l'air de rien, alors que le 222-32 est en bonne place parmi les délits largement susceptibles de placard (viols, agressions sexuelles, etc.)
Qu'en déduire ? Que l’exhibitionniste nu sous son imperméable qui fait la la sortie des écoles et le vendeur à la sauvette de tours Eiffel, même combat?
bruler le drapeau français? ça avance a quoi?
Ceci étant, si ce genre d'humiliation et d'injustice (d'obliger quelqu'un à se couvrir par un jour de canicule) n'avait pas eu lieu, on aurait fait l'économie de tout ce gâchis. Il est grand temps, pour l'état et les collectivités locales, de mettre au placard cette pudibonderie d'un autre temps afin qu'elle ne serve plus à d'inutiles et d'insupportables actions liberticides à l'encontre des citoyens.
Je suis d'accord avec jfreeman, et considère que si ceux qui ont commis des dégradations au tribunal d'Aurillac sont des imbéciles, notamment en brûlant des drapeaux français, ils n'ont pas pour autant tout gâché. C'est bien que la verbalisation inconsidérée par quelques pandores ignorant la loi ait entraîné une telle mobilisation. Les acteurs de rue sont généralement des gens assez politisées.
Je ne pense pas qu'il y aura des poursuites. Le procureur local a besoin qu'on lui rappelle les relaxes dans certains procès comme celui de Périgueux notamment. Et qu'on lui rappelle aussi que les seins ne sont pas des organes sexuels. Et qu'on arrête d'emmerder les femmes qui pour une raison ou une autre ont besoin de les libérer : pour nourrir leur bébé par exemple.
La perception négative de la semi ou intégrale nudité relève du bourrage de crane de la part de nos sociétés et institutions qu'elles soient religieuses ou étatiques et ne relève pas d'une perception neutre de tous préjugés. Les parlementaires doivent ajuster les lois qui répriment les libertés individuelles qui ne font de tors à personne. Ces situations telles qu'a Aurillac ne feront qu'empirer tant qu'il règne un sentiment d'injustice. C'est à mon avis du ressort de cours élémentaire.
Plusieurs dizaines de manifestants sont montées sur les marchés du palais de justice, le drapeau accroché au fronton est enlevé. pic.twitter.com/8du0CgHqpx
— Pierre Chambaud (@Pierre_Chambaud) August 26, 2023
Condamnation du gouvernement.
Et emploi du qualificatif de "crétins décérébrés" par le Ministre de la Justice.
AURILLAC : UNE FEMME VERBALISÉE POUR S'ÊTRE PROMENÉE SEINS NUS, LA MANIFESTATION DE SOUTIEN DÉGÉNÈRE
Vitrines cassées, tribunal pris pour cible: la petite ville d'Aurillac a connu un samedi agité en marge du festival des Arts de rue. Tout commence mercredi pendant ledit festival qui se tient chaque année dans les rues de la préfecture du Cantal et qui rassemble à chaque édition près de 100.000 personnes. Alors qu'il fait très chaud à Aurillac, Marina, une festivalière, remarque que la plupart des hommes autour d'elle sont torses nus.
Accablée par la chaleur, elle décide de suivre le mouvement et enlève à son tour son t-shirt et se retrouve seins nus. Mais dans la foulée, des policiers lui demandent de remettre son t-shirt et de cacher ses seins. Devant le refus de Marina au nom de l’égalité femme-homme, elle est conduite au commissariat et reçoit une amende pour exhibition sexuelle. Une amende dont le montant n’était pas précisé.
"POLICE NATIONALE, MILICE PATRIARCALE"
Ce samedi, une marche de protestation en soutien à Marina était organisée avec comme slogan "Aurillac topless, la police en PLS" ou encore "Libérons nos tétons de vos regards de cochons". En tête du cortège d'environ 1.000 personnes, des femmes seins nus ont scandé des chants féministes et anti-police comme "Police nationale, milice patriarcale".
À l'arrivée devant le tribunal d'Aurillac en fin de cortège, les choses ont un peu dégénéré. Une dizaine de manifestants ont arraché et brûlé des drapeaux français, puis envahi et endommagé le hall du tribunal de la ville. Des vitrines ont été prises pour cible et des murs tagués.
Le maire d’Aurillac a dû intervenir personnellement et a réussi à rétablir le calme en promettant que les poursuites contre Marina allaient être abandonnées. Le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti doit se rendre sur place ce lundi pour apporter son soutien aux magistrats.
DES INSULTES CONTRE LES POLICIERS ?
"Chaque année, à l'occasion du festival de théâtre de rue, Aurillac est envahie par une population qui va d'Isabelle Adjani aux punks à chiens", tacle l'agriculteur Didier Giraud dans "Les Grandes Gueules" sur RMC et RMC Story. "Il y a des milliers de punks à chiens, des altermondialistes avec des slogans dégoulinant appelant à la mort de Bernard Arnault", ajoute-t-il, déplorant des festivités militantes.
"J'admire ces femmes qui vont au-delà de cette pudeur", assure aux "Grandes gueules" Laure, festivalière et originaire d'Aurillac, qui tient cependant à rétablir certains faits: "Marina a bien contesté la demande des policiers mais je pense qu'elle les a insultés au passage. Les fonctionnaires lui ont demandé ses papiers, elle ne les avaient pas, elle a donc été emmenée au commissariat", explique-t-elle, évoquant d'ailleurs une manifestation déjà prévue ce samedi pour les droits des femmes et dénoncer le "patriarcat".
UNE LOI DIFFICILE À INTERPRÉTER
Une question se pose désormais: pourquoi Marina a-t-elle été interpellée et verbalisée, au contraire des festivaliers masculins? La loi n'est pas très claire: l’article 222-32 du code pénal interdit l'exhibition sexuelle imposée à la vue d'autrui, passible d’un an de prison et 15.000 euros d'amende.
Mais le code pénal ne précise pas si les seins sont considérés comme un organe sexuel. C’est là tout le débat.
Résultat: depuis des décennies en France, on peut bronzer seins nus à la plage. Des gendarmes qui avaient demandé à deux femmes de se couvrir sur une plage des Pyrénées-Orientales en 2020 à la demande d’une famille, avaient été désavoués par leur direction. L’affaire était remontée jusqu’au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui avait évoqué une "liberté fondamentale".
On peut donc être seins nus au bord de la mer, d’un lac et d’une rivière. Dans un jardin public ou dans une piscine municipale, c’est généralement interdit, par le règlement. Mais dans l’espace public ou dans la rue, théoriquement, ce n’est pas interdit. Pendant la période estivale, cependant, de nombreuses communes du bord de mer prennent des arrêtés interdisant aux hommes de se balader torses nus.
elle est conduite au commissariat et reçoit une amende pour exhibition sexuelle. Une amende dont le montant n’était pas précisé.
Ce sera au tribunal à fixer le montant de l'amende, si amende il y a. La police n'a pas le pouvoir de donner une amende pour ce délit, si délit il y a.
Merci à Jacques pour cet article du Figaro.
On aimerait bien en savoir davantage sur cette histoire d'amende: soit Marina a accepté une "CRPC" ("plaider-coupable"), ce qui m'étonnerait car elle semble avoir un caractère bien trempé, soit il y a déjà eu un procès et dans ce cas ça me semble avoir été beaucoup trop rapide pour une exhibition sexuelle.
Cette affaire pourrait devenir le fer de lance du combat pour l'égalité du torse nu pour les femmes dans l'espace public, comme cela a été le cas à New-York. Cela vaudrait le coup que l'APNEL ou la FFN leur propose de lui apporter leur aide.
Le fait qu'elle ait été insultante le cas échéant n'a aucune influence dès lors que cette infraction n'a pas été retenue, semble-t-il.
J'ajoute que, contrairement à l'affaire de la FEMEN à l'église de la Madeleine, il n'y a pas de message politique ou d'atteinte à la liberté d'expression (on se rappelle que c'est sur ce motif que la CEDH avait condamné la France), il s'agit donc d'une situation très "pure": les seins nus dans l'espace public au seul motif du confort (à cause de la chaleur) en présence d'hommes dans le même état et non poursuivis.