Amusant et à la fois philosophique ce sujet 😉
Pourquoi des naturistes croyants ne crééraient ils pas la première chapelle évangélique ou même oecuménique nudiste en France ?
Phylos
Salut, c'est U !
Encouragé par certains de vos commentaires, je vais éssayer de lancer de nouveaux sujets ayant avoir avec le naturisme. Même si le sujet du jour n'intéresse éventuellement qu'un petit public.
Pour y avoir vécu, je considère que la mouvance protestante évangélique (baptiste, pentecôtiste en premier lieu) est très peu connue en France et ce qu'on croit en savoir est souvent exagéré voire tinté de beaucoup de préjugés et d'intolérance.
Pourtant, ce n'est pas ce sujet que je souhaite traiter.
Ce que je recherche ce sont des témoignages de personnes ayant une expérience de ces églises ET du naturisme. Le mouvement évangélique étant fortement influencé par les Etats-Unis où il s'est établi le plus fortement, il va de soi que le puritanisme anglo-saxon y est fait cause commune avec une certaine idée de la morale chrétienne, où le naturisme n'est pas accepté.
Mais qu'en est-il en Europe ? Ce site recoit-il des visiteurs évangéliques ET naturistes ? Ou bien suis-je le seul ?
Pour les non-initiés, je voudrais préciser qu'une grande différence entre un chrétien catholique et un chrétien évangélique c'est que le fait d'être membre d'une église évangélique implique une prise de position forte pour la foi (par le baptême des adultes ayant trouvé la foi, entre autres), l'engagement dans les activités de l'église, le financement de toute l'église locale notamment.
Tout ceci rend les prises de positions plus pointues, plus personelles, si vous voyez ce que je veux dire et malheureusement, il risque de s'y trouver une certaine peur de mal faire, de ne pas être suffisament ancré dans la foi chrétienne et une certaine idée de la volonté de Dieu.
Pour ces raisons, je crois que le pas vers le naturisme est plus difficile à franchir pour un chrétien évangélique que pour un catholique.
Qu'en dites-vous ? Quelles perspectives pouvez-vous apporter sur la question ?
U
Je précise qu'il n'y a pas de morale chrétienne, mais des morales de pays dits chrétiens ou de religions dites chrétiennes. Les morales sont toujours faites par des hommes (ou des femmes 🙂 .
La Bible n'interdit pas le naturisme ; c'est l'interprétation humaine qu'on en fait qui peut conduire à le penser !!!
Dieu nous a créé nu, ce n'est pas lui qui nous a habillé. :b
Il faut peut être le laisser tranquille sur le sujet du naturisme !
La Bible dit aussi que Dieu nous aime comme on est :=!
Bonjour,
J'ajouterais également que la Bible dit que Dieu nous a créé à son image.
Pourquoi donc se cacher?
Amitiés
Francis
Bonjour,
ce sujet m'intéresse et je pense pouvoir répondre à plusieurs de vos questions, connaissant bien les Eglises Evangéliques, et étant naturiste depuis vingt-cinq ans.
J'ai pu constater qu'il y a des Chrétiens évangéliques qui pratiquent le naturisme, sans le claironner dans leur milieu. Je connais un pasteur évangélique qui a "autorisé" une famille de nouveaux convertis à continuer de passer des vacances sur des plages naturistes.
Il y a toutefois une condition à cette tolérance: fuir les lieux libertins et s'en tenir aux lieux de naturisme éthique et familial.
Il y a aussi bien sûr beaucoup d'Evangéliques qui considèrent le naturisme comme une abomination.
Il y a quelques semaines de ça il y a eu un fil intéressant consacré au naturisme sur le forum du Top Chrétien, le principal site évangélique francophone. Les avis étaient partagés mais je n'ai noté aucune "diabolisation" du naturisme.
Message édité par : FredericIsere / 10-04-2009 08:35
Du point de vue d'un protestant "réformé" ayant grandi dans une région (arc jurassien) où les églises évangéliques sont nombreuses :
Le point central, à mon humble avis, est que le protestantisme évangélique est en général une religion révèlée, à savoir qu'une conversion est considèrée indispensable pour pouvoir en être. Sur le modèle du Christ disant à ses apôtres de tout laisser en plan pour le suivre. C'est louable sur le principe.
Il en découle un certain nombre de petits effets pervers, qui peuvent amener certains individus à déraper un peu dans ce cadre. Ce n'est pas systématique et ce que je décris est de l'ordre de l'extrême, mais j'ai, au cours des années, ferraillé contre suffisamment de zélotes incultes et pavés de bonnes intentions se réclamant - souvent abusivement - de mouvements évangéliques, commençant une phrase sur deux par "en tant que chrétien..." (sous entendu : si tu n'es pas d'accord, tu es unhérétque) ou "Dieu m'a dit..." (sous-entendu : ce que je vais dire ne saurait être discuté), et soucieux de convertir tout ce qui bouge, quitte à les "sauver" contre leur volonté, pour pouvoir attester qu'il y a des dérapages.
D'abord, la conversion, en tant que passage à un état de péché à un état de grâce (je simplifie) amène le nouveau converti à jeter aux orties l'essentiel de ses valeurs et des ses habitudes antérieures. L'attitude par rapport au corps, à la nudité et à la sexualité peut donc changer radicalement au cours du processus.
Corollaire de la conversion, le sujet passe d'un état de doute à un état de certitude, il "a trouvé Dieu". Pour éviter de glisser à nouveau vers le doute face à l'incohérence du monde, un stratagème courant est le repli sur des positions dogmatiques, et des règles de vie couvrant tous les aspects de l'existence (sens premier de totalitaire...) qui se basent sur l'interdit : pas de sexualité hors mariage, pas de médecines parallèles, pas de musique rock, homophobie, rejet des expressions artistiques dérangeantes, etc. Pour asseoir ces interdits, d'aucuns les associent à l'Ennemi, Satan, le Diable...
Ce système d'interdits est en général déterminé par le pasteur (dans le sens "berger") de la communauté, qui insiste de manière plus ou moins contraignante. Etant personnellement issu d'une tradition réformée multitudiniste (où plusieurs courants peuvent cohabiter), où le pasteur a une voix consultative, mais n'édicte en aucun cas, ce genre de truc me hérisse un peu. Surtout quand il s'agit d'expériences spirituelles censées libèrer l'individu.
Autre corollaire de la conversion : la certitude d'avoir trouvé Dieu, d'être arrivé, d'âtre sauvé, a tendance à monter à la tête de certains sujets, qui se trouvent incapables de reconnaître la validité d'expériences spirituelles différentes des leurs. Sur le mode "oui, mais si vous saviez, c'est tellement bien...", à mon avis à rapprocher du "mais tu peux pas comprennnndre !" de l'adolescent en crise.
D'aucuns qualifieraient ça de péché par présomption, la rédemption étant accordée par Dieu seul (donc tout individu prétendant la donner au nom du Patron sous prétexte de conversion et d'allégeance à un groupe outrepassant de fait ses attributions).
Cette impression de supériorité de certains les amène bien souvent à vouloir propager le message, amener d'autres personnes, amis, parents, proches, à la même expérience "libératoire". Ce qui peut vite virer au harcèlement, au dénigrement (parce que la personne ne se tient pas au système d'interdits du nouveau converti) et aux rafales d'anathèmes. Soit tu es avec nous, soit tu es contre nous ! (comme disait George W. partant en guerre, et ce n'est pas un hasard)
Certains amis er proches cèdent sous la pression, surtout à l'adolescence, quand on se cherche et qu'on doute, et se convertissent à leur tour, face à la promesse de certitudes solides, perpétuant par là le système (Rappelons ici les mots d'Orwell sur la force des systèmes totalitaires qui est de recycler leurs victimes en rouages du système). Quelques convertis à l'adolescence font d'ailleurs des casses nerveuses spectaculaires une fois arrivés à la quarantaine, ou même après une année ou deux, suite à un changeemnt existentiel ébranlant leurs certitudes, mais c'est une autre histoire.
Ceci dit, il y a des courants évangéliques qui ont renoncé au prosélytisme actif et à imposer leurs valeurs au monde et à la société avec qui il est possible de discuter de manière ouverte du monde réel.
C'est d'ailleurs là une autre caractéristique des milieux évangéliques : une multitude de courants aux options différentes plus ou moins libérales, sociales ou conservatrices, et plus ou moins activistes. Parfois liées aux lubies et au névroses du responsable local plus qu'à une réelle ligne ou une réelle assise biblique ou théologique. Pas de ligne unique, donc, ni, dans certains cas, de clergé constitué. Et une tendance à dire que les dérapages sont les fait des autres tendances et relèvent du préjugé.
C'est donc au coup par coup qu'une position par rapport à la nudité simple peut éventuellement se dégager et toute généralisation sur la position protestante évangélique sur le naturisme est vouée à l'échec.
Enfin, c'ets mon avis et je le partage.
Que l'humain ait une croyance est louable puisque par définition, c'est un animal religieux, mais qu'il ne sache pas faire la part des choses entre se que disent les livres sacrés et les élucubrations de pasteurs ou de gouroux est dommage !
L'abus de religion peut-être mauvais pour la santé morale !
Moi, je suis athée, et donc les convictions morales et/ou religieuses des gens me paraissent comme un moyen pour les croyants de trouver un sens à leur vie, ce qui est d'ailleurs tout à fait respectable. Mais je ne vois pas ce que la pratique du naturisme apporte ou enlève à une quelconque pratique religieuse
Issu d'un milieu évangélique "soft" mais côtoyant et ayant côtoyé des branches plus "hard", je dois dire qu'il n'y a pas de règles en ce qui concerne l'acceptation du naturisme: le respect, l'indifférence ou la diabolisation existent partout (remarquez: c'est pareil partout en fait)!
C'est plus une histoire d'esprits plus ou moins ouvert ou torturés 😉 !!!
Chez les religieux, il y a ceux qui voient le diable partout, tandis que d'autres y contemplent Dieu... je préfère les derniers! Ils sont plus faciles à vivre! 😉
Moi aussi, je préfère les derniers. Ils ne nous prennent pas la tête.
Je n'ai jamais vu un de ceux qui contemplent Dieu condamner le naturisme.
Bonjour à tous.
Pardon de ne pas avoir répondu plus tôt. Merci de vos réponses très intéressantes et personelles. Je ne souhaite pas encourager une quelconque polémique sur le protestantisme évangélique mais j'ai trouvé très intéressante cette perspective, ainsi que les témoignages de personnes ayant eu une expérience des deux mouvements.
Je ne crois pas avoir beaucoup de choses a ajouter. Par contre je réponds volontier à vos questions.
U
... au fait, U, c'est quoi ton virage à 180°?
