25 avril 2024

L'Automobile Club

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jean-mi77
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Un article de Télérama. Extrait :

 

Quant à l’Automobile Club, les femmes n’y sont autorisées qu’à accompagner un membre au déjeuner, et uniquement au deuxième étage. Le somptueux péristyle situé au premier, donnant sur la Concorde, est réservé au seul usage des hommes. « Cette politique ne me gêne pas, je comprendrais qu’il y ait des clubs réservés aux femmes, estime Éric. De plus, leur intégration à l’Auto poserait un problème technique, car cet endroit est le plus naturiste de Paris. » Sur le toit, entre la piscine d’époque signée Gustave Eiffel, les transats et les douches communes, les hommes se promèneraient en serviette ou dans le plus simple appareil.

 

 

Dans le secret des clubs privés parisiens : revenus corrects exigés

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Fanny Arlandis

Publié le 03/08/22

L’Automobile Club, fondé en 1895, installé dans le somptueux hôtel Plessis-Bellière, surplombant la place de la Concorde, compte 1 900 membres, dont beaucoup d’avocats et de banquiers.

L’Automobile Club, fondé en 1895, installé dans le somptueux hôtel Plessis-Bellière, surplombant la place de la Concorde, compte 1 900 membres, dont beaucoup d’avocats et de banquiers.

Illustration Petica

Nés au XIXe siècle, dans le but de se faire rencontrer l’aristocratie et une bourgeoisie conquérante, les clubs privés prospèrent dans le secret. Notre journaliste a poussé la porte de l’un d’eux, le Soho House.

L’imposante porte vert bouteille s’entrouvre. Un couple sort, visiblement en vacances, chapeau vissé sur la tête et sacs de shopping dans chaque main. En sens inverse, une femme en legging de sport et en baskets se faufile à l’intérieur, puis disparaît. Aucune indication ne figure sur la façade en pierre du 45, rue La Bruyère (9e), aucune enseigne. Tout juste est-il mentionné le nom « Soho House » sous la caméra de l’interphone. Quel passant pourrait supposer que derrière ces murs quelconques, dans cette rue si calme, se cache l’un des clubs privés les plus à la mode de la capitale ? Inaugurée en septembre dernier, l’antenne parisienne du fameux club britannique vient s’ajouter à la longue liste de ces lieux discrets et luxueux – du Jockey Club au Tir aux Pigeons, en passant par le Lagardère Paris Racing ou le Travellers Club – fréquentés depuis près de deux siècles par une clientèle triée sur le volet et exclusivement masculine pour certains d’entre eux.

“  Ce sont des machines commerciales ”

De toutes ces institutions très fermées, où l’on cultive assidûment le goût du secret, aucune n’a voulu communiquer ou nous ouvrir ses portes pour ce reportage. La discrétion est la marque absolue de l’initié. « Ce sont des machines commerciales et, comme tout business de luxe, elles sont obligées de raconter une histoire », argumente Éric 1, membre du très sélect Automobile Club. Fondée en 1895 et installée dans le somptueux hôtel Plessis-Bellière, surplombant la place de la Concorde, cette association compte 1 900 membres, dont beaucoup d’avocats et de banquiers, « mais aussi le comédien et réalisateur Guillaume Gallienne ou le président de Gaumont, Nicolas Seydoux ». Seule une bonne âme s’est portée volontaire pour aider une journaliste à pénétrer l’un de ces lieux tenus à l’abri des regards. En l’occurrence, le Soho House.

Passé la porte verte, donc, une lumière éclatante se reflète sur les dalles noires et blanches de la cour intérieure. Oscar, notre guide, slalome entre les parasols et se dirige vers une banquette ronde, loin des quelques tables occupées par une population majoritairement trentenaire. « Installons-nous à l’écart », souffle-t-il. Adepte de cette « version moderne du club privé », Oscar fréquente les Soho House du monde entier depuis une vingtaine d’années, invité par des amis à y boire un verre ou à y dîner lors de ses passages à Londres, Berlin ou Barcelone. Aussi, quand il a appris que le club s’installait dans cet hôtel particulier parisien, ayant appartenu à la famille de l’écrivain et cinéaste Jean Cocteau, il n’a pas hésité une seconde avant de procéder à son adhésion. « Je voulais en être, dit-il en s’asseyant. Même si, honnêtement, je me suis demandé à quoi ça allait me servir… »

Une adhésion à 2200 euros par an

À deux pas de Pigalle, la particularité du Soho House est de s’adresser aux âmes « créatives », indique son site Internet. « Vous avez plus de chances d’être accepté si vous êtes acteur, photographe ou producteur plutôt que banquier ou avocat », croit savoir Oscar. Lui partage son temps entre des missions de traduction et l’organisation de soirées. Son adhésion, de 2 200 euros par an, lui permet de s’entraîner à la salle de sport, de prendre ses repas au restaurant, de bénéficier de tarifs préférentiels pour les chambres d’hôtel, d’assister à des soirées, ou de profiter du « bassin » extérieur situé au premier étage – « il serait insultant de parler de piscine pour évoquer ce petit bassin », s’amuse-t-il. Tous les Soho House du monde proposent des services similaires et sont ouverts à tous les membres, quelle que soit la ville où ils ont adhéré à ce club. On y retrouve les mêmes menus, d’une petite entrée à 9 euros à la côte de veau milanaise à 42 euros, ainsi que la même forme ronde et le même motif fleuri pour les banquettes. « Ce restaurant n’est pas le meilleur de Paris, et je n’utilise pas ma carte d’adhérent pour y faire des choses extraordinaires, mais je ne regrette pas pour autant mon inscription, j’aime avoir des privilèges. » Interrompu par un serveur, Oscar doit donner son numéro de membre afin de passer commande. Il peut ainsi prendre plusieurs verres et circuler dans le club sans avoir à payer chaque fois qu’il se lève, l’addition étant réglée au moment où il quitte les lieux. « Pour nous, confie le serveur, c’est un moyen de rattraper ceux qui tentent de se sauver sans payer. » Et cela arrive souvent ? « Deux fois par jour au minimum, alors qu’on ne peut pas dire que notre clientèle n’a pas les moyens… », raille-t-il.

« Le Racing Club de France, créé en 1882, et la Société sportive de l’île de Puteaux, en 1886, sont installés dans des écrins de verdure, véritables isolats sociaux, qui rendaient invisibles pour le petit peuple parisien la pratique et les codes vestimentaires du tennis. » Didier, avocat.

« Le Racing Club de France, créé en 1882, et la Société sportive de l’île de Puteaux, en 1886, sont installés dans des écrins de verdure, véritables isolats sociaux, qui rendaient invisibles pour le petit peuple parisien la pratique et les codes vestimentaires du tennis. » Didier, avocat.

illustration Petica

Les clubs privés, paradis de l’argent, du luxe et… de la cooptation. Il y a trente-cinq ans, les parents de deux amis de Laurent 2, membres du Racing Club de France (rebaptisé Lagardère Paris Racing en 2006), ont dû rédiger une lettre manuscrite pour présenter sa candidature. Alors âgé de 18 ans, il avait été reçu par un comité devant lequel il avait exposé ses « motivations ». « Des qualités humaines sont requises, fondées sur des valeurs comme l’éducation, le respect, la bienveillance, mais aussi le raffinement, le dépassement de soi et l’esprit d’équipe, explique-t-il. Lors de l’entretien, j’avais aussi évoqué mes centres d’intérêt, en l’occurrence le tennis. » Au cœur du bois de Bologne, le Racing dispose de quarante-cinq courts de tennis, autour desquels il n’est pas rare d’apercevoir l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin en plein footing. Il compte également deux bassins de natation, dont un olympique, ouvert en toute saison, des terrains de volley et de football, des salles de sport, un restaurant.

Pour intégrer l’Automobile Club, en sus des 6 000 euros de droit d’entrée, des 2 400 euros de cotisation annuelle et des 1 450 euros pour l’accès aux salles de sport et à la piscine, Éric a dû lui aussi être parrainé et présenter un dossier complet. Des représentants de l’organisation lui ont rendu visite chez lui pour s’assurer que son appartement était suffisamment « confortable », puis il a été convoqué devant un comité. « Le processus a été rapide, mais je sais que dans d’autres lieux, comme le Polo, on peut rester des années sur liste d’attente. Et je ne parle pas du Jockey Club… Si votre famille n’a pas fait la guerre avec Clovis, vous ne risquez pas d’y entrer ! »

Des « soirées réseaux » sont organisées dans chaque Soho House. L’antenne parisienne du fameux club britannique a été inaugurée en septembre dernier au 45, rue La Bruyère (9e), dans un hôtel particulier ayant appartenu à la famille de Jean Cocteau.

Des « soirées réseaux » sont organisées dans chaque Soho House. L’antenne parisienne du fameux club britannique a été inaugurée en septembre dernier au 45, rue La Bruyère (9e), dans un hôtel particulier ayant appartenu à la famille de Jean Cocteau.

Illustration Petica

Fondé en 1834, le Jockey Club est l’un des premiers grands clubs fermés de France. Et sans doute le plus huppé. Dans ce vaste théâtre mondain, on retrouve à cette époque la jeunesse dorée gravitant autour du duc d’Orléans, fils de Louis-Philippe Ier. « Ses membres construisent leur visibilité en revêtant une redingote courte vert olive, avec des boutons dorés. Ils adoptent aussi des gants jaunes, comme un autre signe de reconnaissance », relate l’historien Jean-Pierre Blay, spécialiste des rapports de la mode, de la haute couture et du sport à l’histoire. Les fils, frères ou neveux des membres du Jockey Club qui n’avaient pas encore l’âge d’y entrer pouvaient se réunir au sein du Cercle de la rue Royale, que James Tissot a peint dans une huile sur toile exposée à Orsay. « Mais ne nous y trompons pas, cette élite sociale n’avait pas pour seul objectif la pratique de l’entre-soi, précise Jean-Pierre Blay. À l’origine, le Jockey Club répondait surtout à un besoin de regroupement d’investisseurs venus des milieux aristocratiques et de la banque, à l’exemple de Stern, de Laffitte et de Rothschild. Ils avaient compris qu’il était essentiel que la France se dote de chevaux performants dans les secteurs, vitaux, de l’agriculture, de l’armée et des transports. Il n’était plus possible, pour la balance commerciale, que le pays continue de se fournir en Prusse, en Rhénanie ou en Angleterre, des partenaires avec lesquels il avait connu des différends par le passé. »

Femmes interdites

Deux siècles plus tard, le Jockey Club n’a guère changé. Et les femmes n’y sont toujours pas admises. Pas plus qu’elles ne le sont à l’Automobile Club ou au Travellers Club. Installé dans un hôtel particulier des Champs-Élysées, ce dernier voit défiler chaque année quelque huit cents businessmen en costume-cravate dans ses salles de jeux et salons cosy, où l’on fume le cigare en bonne compagnie. Quant à l’Automobile Club, les femmes n’y sont autorisées qu’à accompagner un membre au déjeuner, et uniquement au deuxième étage. Le somptueux péristyle situé au premier, donnant sur la Concorde, est réservé au seul usage des hommes. « Cette politique ne me gêne pas, je comprendrais qu’il y ait des clubs réservés aux femmes, estime Éric. De plus, leur intégration à l’Auto poserait un problème technique, car cet endroit est le plus naturiste de Paris. » Sur le toit, entre la piscine d’époque signée Gustave Eiffel, les transats et les douches communes, les hommes se promèneraient en serviette ou dans le plus simple appareil. Toutefois, qu’il s’agisse de l’ouverture aux femmes ou au monde extérieur, un débat a récemment ébranlé l’institution, et le divorce serait consommé entre « progressistes » et « conservateurs ». « Il y a quelques années, continue cet adhérent de l’Automobile Club, on a connu une fronde opposant ceux qui voulaient que le club revienne aux traditions et se recentre sur ses membres et ceux qui voulaient commercialiser son activité et proposer plus de salons à la location pour des événements. » Les premiers ont remporté la bataille.

Éric Zemmour refoulé à l’Union interalliée

Les clubs n’ont en effet aucun intérêt à s’ouvrir. « Ils préfèrent continuer à choisir qui en fait partie ou pas », explique Jean-Pierre Blay. En 2019, Éric Zemmour s’est ainsi vu refuser son adhésion à l’Union interalliée, cercle créé en 1917 et regroupant des personnalités essentiellement politiques, qui se réunissent dans l’hôtel Perrinet de Jars, rue du Faubourg-Saint-Honoré. « Si, au XIXe siècle, on a craint une forme d’hybridation sociale fatale par le déclassement mondain que subirait un cercle trop ouvert, aujourd’hui encore, l’accès à ces clubs tient compte du principe d’un intérêt commun pour un secteur économique ou une pratique sportive », poursuit l’historien. Car ces établissements, quoi qu’ils en disent, pratiquent avant tout l’entre-soi. « Le Racing Club de France, créé en 1882, et la Société sportive de l’île de Puteaux, en 1886, sont installés dans des écrins de verdure, véritables isolats sociaux, qui rendaient invisibles pour le petit peuple parisien la pratique et les codes vestimentaires du tennis. » Didier 3, avocat, a déjà été invité dans tous les clubs parisiens, de l’Automobile Club à l’Interalliée, en passant par le Polo ou le Tir aux Pigeons. « Je comprends que ces clubs souhaitent préserver leur ADN, analyse-t-il. D’ailleurs, si vous leur dites “je souhaite devenir membre pour rencontrer des gens”, ils ne vous prendront jamais ! Vous devez argumenter sur ce que vous pouvez leur apporter, par votre personnalité, votre implication dans un certain tissu social… Mais moi, qui suis fils de franc-maçon, je me méfie de ces milieux fermés. » Lui fréquente des clubs « très ouverts, où il suffit de s’inscrire, sans nécessité de cooptation », notamment le Wine & Business Club, dont le coût à l’année oscille entre 5 450 et 12 900 euros (hors taxe, précise son site) selon la formule choisie, ou encore le Cercle de la Revue des Deux Mondes.

Dans ces microcosmes, l’adhésion se transmet souvent de génération en génération. Et il n’est pas rare non plus de faire partie de plusieurs clubs à la fois et de passer de l’un à l’autre pour y faire des affaires. Au Soho House, une application offre à chaque inscrit la possibilité de montrer son profil sur le téléphone des autres membres présents. Sur son écran, Oscar, l’organisateur de soirées, voit ainsi la photo, le nom et la profession de chacun des adhérents attablés près de lui. Des « soirées réseaux » sont aussi organisées dans chaque Soho House. De même que Didier, au Cercle de la Revue des Deux Mondes, prend régulièrement part à des dîners au cours desquels il rencontre des personnalités politiques ou culturelles – « Jusqu’à présent, ce réseau ne m’a jamais servi. » Sur le seuil de son appartement, Laurent, le tennisman du Lagardère Paris Racing, insiste, lui, encore et encore : « Vous voyez, il n’y a rien de bien croustillant. Après tout, appartenir à un club ne revient pas plus cher que d’entretenir une maison secondaire. »

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