Le photographe amateur Sylvain Pérot veut mettre en parallèle le vieillissement du corps et l'évolution de l'état d'esprit, tout en questionnant et en photographiant des personnes tous les ans pendant 20 ans.
Ce qui l'intéresse, c'est la rencontre avec les gens. Sylvain Pérot, installé à Mozac ne photographie que des personnes. Le père de famille, frigoriste de métier, s'est installé un studio chez lui. Il fait partie d'un club de photo et prend également des cours. La technique le passionne bien sûr mais toujours moins que les autres.
Actuellement, il travaille notamment sur la mémoire avec un projet intitulé « l'habit de ma vie ». Il prend en photo des retraités dans leur uniforme de travail et résume leur carrière. « J'ai eu envie de continuer quand un officier de marine m'a confié que c'était la première fois que ses enfants le voyaient en tenue ».
Laisser une trace
Pour le photographe, il est important de laisser une trace, une histoire. C'est donc assez logiquement qu'il a eu l'idée d'un projet sur 20 ans : « Ma vie mise à nu ». Il veut mettre en parallèle vieillissement du corps et l'évolution de l'état d'esprit. Chaque participant doit répondre à un questionnaire que Sylvain a établi avec des amis et les premiers modèles. « Le but est de voir comment les gens se projettent, de savoir quels rêves ils vont réaliser ou s'ils vont en changer ». Les questions sont très diverses : du nombre de kilomètres de la voiture en passant par la consommation de bio. En revanche, Sylvain s'interdit de demander aux personnes combien elles gagnent et en ce qui concerne l'intimité, il ne demande que si le modèle est hétérosexuel, homosexuel ou bisexuel. Ce questionnaire reflétant sa vie actuelle personnelle, familiale, professionnelle dure environ une heure mais beaucoup de personnes restent plus longtemps. « Il y en a qui sont restées plus de deux heures. Certaines se livrent vraiment, c'est très intéressant. Participer à ce projet leur permet d'engager une réflexion ». Et pour Sylvain, ces discussions lui « apportent une véritable culture ».
Mais l'expérience ne s'arrête pas là. Sylvain est photographe amateur, il prend donc en photo les participants. D'abord habillé les bras le long du corps, de face, de profil et de dos. Puis pareil, mais nu. Pas facile de se mettre nu devant un inconnu. Alors pour que cela soit un peu moins gênant, Sylvain fait d'abord poser les participants en sous-vêtement. Le modèle peut sourire ou pas, mais les photos restent sobres. « Au début, je voulais mettre un fond noir mais c'était trop dur pour la nudité. J'ai donc demandé à différents artistes quelle couleur représentait la vie pour eux. Tous m'ont répondu une couleur différente. Du coup, j'ai opté pour le gris, c'est moins dur que le noir », explique Sylvain.
Une lettre à soi
dans 20 ans
Pour le moment une vingtaine d'hommes de 3 à 79 ans participe au projet et une dizaine de femmes de 28 à 46 ans. Sylvain cherche d'autres modèles de toutes morphologies et de tous niveaux socioprofessionnels. La diversité fera la richesse du projet. « J'aimerais qu'on soit plus nombreux pour être sûr que, dans 20 ans, il reste toujours des participants ».
Sylvain demande aussi aux participants d'écrire une lettre pour eux-mêmes qu'ils ouvriront dans 20 ans.
Afin de créer une émulation de groupe et renforcer l'engagement de chacun, il mettra en place des rencontres entre les différents participants. Cette année, il pense organiser un barbecue.
Pratique. Pour toutes questions, contactez Sylvain : sperot63@free.fr et pour consulter son travail actuel www.photonova.org. Sylvain comme les modèles sont bénévoles dans ce projet.
Marie Collinet
