Samedi 2 juillet 2022 11:46
Temps de lecture : 3 minutes

De plus en plus de Belges sont adeptes du naturisme. Voici ce qu'il faut en savoir avant de se lancer dans l'aventure.

©Belgaimage

À deux pas de la Grand-Place de Bruxelles, ce petit homme est la gloire du quartier depuis bientôt 600 ans. La bistouquette à l’air, il salue les passant dans son plus simple appareil. Et fascinés par cette témérité tangente de l’indécence,  les touriste se déplacent du pays du Soleil-Levant aux States pour admirer ce spectacle d’un avant-gardisme toujours de vigueur. Le Manneken-Pis triomphe à travers le temps.

Pourtant, la nudité de chair est bien moins louée que celle de bronze. Souvent catapultée dans le sillage de la perversion et de l’avilissement, le corps dépouillé de ses tissus demeure stigmatisé.

Une pratique pas si rare

L’Europe compte pourtant près de 14 millions de pratiquants du naturisme. En 2019, 8.200 Belges avaient leur carte de membre à la Fédération belge de naturisme. Mais ils seraient bien plus à le pratiquer.

Le pays de la moules-frites n’offre pourtant que peu d’espaces aux nus. Depuis 2001, une bande de 300 mètres de plage leur est réservée à Bredene. Cinq saunas de ce type sont ouverts sur l’ensemble du territoire belge. La Fédération belge du naturisme recense encore quatre campings et une maison de vacances destinées aux naturistes. L’ensemble de ces lieux sont à retrouver sur leur site web.

La tolérance avant tout… 

Encore souvent stigmatisé, le naturisme se veut pourtant particulièrement ouvert et tolérant. Mais le naturisme conserve des conventions bien à elle. C’est ainsi qu’il ne faut par exemple pas confondre naturisme et nudisme. Le Fédération des espaces naturistes français explique : "Le nudisme est la pratique qui consiste simplement à être " au grand air dans un état de complète nudité ". Le naturisme est une véritable philosophie de vie qui prône le respect de soi, des autres, et de la Nature. L’ensemble de ces valeurs guident le naturiste au quotidien dans sa façon de vivre en harmonie avec les autres, et de se connecter à la Nature."

Et pour ne pas mélanger les torchons et les serpillières, laissez les exhibitionnistes loin des naturistes : "Les exhibitionnistes s’exposent avant tout avec l’intention de choquer. L’exhibitionnisme n’existe pas dans le naturisme. En effet, à cause d’un manque de sexualité ouverte et de l’impossibilité de choquer, les exhibitionnistes ne trouvent aucun plaisir dans un environnement naturiste."

C’est ainsi qu’en 2008, sur une plage naturiste française, un homme s’est vu infliger une lourde amende pour s’être masturbé devant l’ensemble de la communauté.

De nombreuses questions 

Mais les questions sexuelles restent bel et bien au sommet des interrogations. La nudité n’engendre-t-elle pas d’elle-même une augmentation des pulsions ? Pour les naturistes, la réponse est claire : c’est un non catégorique. " Beaucoup trop de gens associent la nudité et le sexe… et ce sont pourtant deux choses bien différentes. Un corps nu, non sexualisé, ne provoquera aucune réaction physique tant que l’individu ne laissera pas son imagination entrer en jeu. Une érection est plus à craindre sur une plage ou les femmes sont en maillot ou en bikini, car ces petits morceaux de tissu permettent de pouvoir imaginer ce qui se cache en dessous alors que chez le naturiste, il n’y a rien à imaginé, tout est à nu! ", assure la Fédération belge.

Pour les femmes, ce sont les menstruations qui inquiètent. La Fédération française rassure : "Vous pouvez choisir de ne pas vous baigner, utiliser tampons ou cup mais dans l’ensemble le tout est de ne pas être mal à l’aise. Faites comme bon vous semble en attendant que cela passe. Rien n’interdit en tous cas la pratique du naturisme en périodes de règles."

Et les coups de chaud et coups de froid ? Comme pour les autres, la crème solaire, les chapeaux et le nécessaire pour se tenir chaud sont autorisés.

Notons encore que rien n’interdit formellement de se promener nu en rue en Belgique. Rien ne l’autorise non plus. En cas de litige, il reviendra donc au magistrat de trancher si les bonnes moeurs ont été atteintes. Pour éviter ce genre de procédures, mieux vaut se rendre dans des lieux consacrés à la pratique.