Philosophons!
https://www.philomag.com/articles/que-peut-un-corps-nu-sur-scene
Histoire(s) de l’art
Que peut un corps nu sur scène ?
“Fuck Me”, de Marina Otero. © Matias Kedak
La nudité traverse la danse contemporaine depuis ses origines, au début du XXe siècle. Le spectacle Fuck Me de l’Argentine Marina Otero, à l’affiche du théâtre des Abbesses, à Paris, jusqu’au 11 novembre, est l’occasion d’en retracer le parcours. Et de mettre au jour, avec Michel Foucault, Maurice Merleau-Ponty et les grandes figures de la danse contemporaine, les questions philosophiques qu’elle soulève.
Dans Fuck Me, Marina Otero met en scène cinq danseurs virevoltant dans le plus simple appareil, à l’exception de genouillères et de chaussures de jazz. Elle réinterprète les codes du cabaret et du sado-masochisme, et pourtant, les corps de ses danseurs expriment moins la sexualité et l’exhibitionnisme qu’un corps utopique s’opposant à l’obscénité d’une certaine publicité, de la pornographie et de la prostitution. Ce qui n’est pas sans rappeler la volonté de la pionnière américaine de la danse contemporaine Isadora Duncan (1877-1927) de rejeter, au seuil du XXe siècle, toute contrainte corporelle.
Retour aux sources
Duncan revendique une danse libre, dégagée de toute entrave : fini les pointes et les tutus du classique, retour à une chorégraphie des origines, naturelle et chthonienne, dont le modèle est la statuaire grecque. « Ce qu’il y a de plus noble dans l’art, c’est le nu, déclare-t-elle dans une interview au Theater Arts Monthly en août 1927. Cette vérité reconnue par chacun est observée par les peintres, les sculpteurs et les poètes. Seule la danseuse l’a oublié, qui devrait d’autant mieux s’en souvenir que le corps humain lui-même est l’instrument de son art. »
Duncan fait des émules. La Française Adorée Villany (1888-1920), l’Américaine Ruth...
(suite pour les abonnés)
oui donc le spectacle etait notamment le 04/11/2022 à Paris
Les Abbesses31 Rue des Abbesses
75018 Paris
https://www.jds.fr/paris/spectacles/danse/marina-otero-fuck-me-297114_A
Mais il est indiqué Du 3 au 11 novembre 2022 à 20 h à http://unfauteuilpourlorchestre.com/fuck-me-dramaturgie-et-mise-en-scene-de-marina-otero-au-theatre-les-abbesses/
https://www.theatredelaville-paris.com/fr/spectacles/saison-2022-2023/danse/fuck-me
Théâtre Les Abbesses
31 rue des Abbesses
75018 Paris
Réservations :
01 42 74 22 77
https://theatredelaville-paris.com
Spectacle conseillé à partir de 16 ans
et voir aussi https://www.resmusica.com/2022/11/06/fuck-me-aux-abbesses-tout-tout-tout-vous-saurez-tout-sur-marina-otero/
Fuck me aux Abbesses : tout, tout, tout, vous saurez tout sur Marina Otero
Marina Otero, est née à Buenos Aires. Adepte des performances underground, la performeuse explore avec Fuck me au Théâtre des Abbesses une dramaturgie de la présence et de l’absence et du vrai et du faux.
Le plateau est nu, les danseurs aussi. Marina Otero est assise à l’avant-scène à cour tandis que les cinq interprètes envahissent la scène, portant des genouillères. Ils joueront tous une des facettes de la chorégraphe, empêchée de danser par un accident l’ayant clouée à cette chaise dont elle ne se lèvera que pour difficilement rejoindre la scène pour un tableau. Du moins c’est ce que nous sommes amenés à croire. Car il est question du vrai et du faux tout au long de Fuck me : la vérité nue ne se cache pas toujours où on le croit. Les interprètes prennent des postures athlétiques et culturistes avant de revêtir les mouvements de Marina Otero, ceux de ses chorégraphies passées. En parallèle de ces interprétations testostéronées, des vidéos de danses de la chorégraphe, de ses galas d’enfance à ses derniers spectacles, sont projetées en fond de scène. Ce sont ces danses qui font la matière gestuelle du spectacle.
Il n’y a pas de véritable signature chorégraphique de Fuck Me, qui se situe davantage dans la catégorie des performances. Les reprises des danses ayant émaillé la vie de Marina Otero par ses dévoués interprètes créent un questionnement sensible sur la question de la présence scénique et de sa véracité. Qui danse ? Quels mouvements ? Une véritable danse palimpseste est ainsi présentée au regard un brin démuni du spectateur, où la danse sur le plateau répond à celles des archives des vidéos personnelles qui répondent à la présence scénique et au discours de la chorégraphe. Il y a des mots sur les gestes et de la danse sur la danse, le temps qui passe prend une épaisseur troublante dans cette double mise en abîme.
Fuck me déshabille les certitudes des spectateurs en proposant une réflexion dénudée sur le récit personnel et le mythe que chacun se construit. Le spectacle peine cependant à dépasser le cadre de la narration d’une vie touchante et bute vite sur les limites du dispositif documentaire ici convoqué. À force de vouloir montrer une vérité dévêtue, Fuck me tombe dans l’exercice de style performatif qui finit par ne plus tromper personne sur l’absence d’empreinte chorégraphique, à défaut de griffe autobiographique. La vitalité éthérée des danseurs et l’investissement fragile de Marina Otero font néanmoins de cette heure passée ensemble une agréable promenade dans une vie surprenante narrée au poil.
Crédits photographiques : © Diego Astarita et Mati Kedak
Voir aussi les anciens sujets sur ce spectacle à https://www.vivrenu.com/2021/10/25/fuck-me-de-marina-otero/
et https://www.vivrenu.com/2021/10/25/fuck-me-de-marina-otero/
"les corps de ses danseurs expriment moins la sexualité et l’exhibitionnisme qu’un corps utopique"
Fuck me, en français, ça veut dire baise-moi, ou encule-moi. Faudrait savoir !
Mais avec la possibilité, tant en anglais qu'en français, d'un sens figuré (trompe-moi)