10 octobre 2024

Les bienfaits du naturisme sur la santé (implications physiologiques)

Le naturisme se voit souvent opposer des arguments basés sur le manque d’hygiène ou une exposition excessive au soleil. pourtant, outre un effet libérateur, il ne manque pas d’avantages au plan physiologique. Démonstration :

Que le naturisme présente de nombreux bienfaits en ce qui concerne l’équilibre psychique, l’acceptation de son corps, les rapports à autrui qui sont en quelque sorte dégagés du désir de paraître et de la peur du regard d’autrui, les naturistes en sont convaincus. Mais qu’en est-il des implications physiologiques du naturisme? Dans un ouvrage récemment paru, l’historien Arnaud Baubérot qui a consacré sa thèse aux origines du naturisme français, souligne la place prépondérante qu’ont tenus les médecins dans cette histoire.

A l’origine, c’est largement une affaire de médecins : soleil et corps libre
Pour les frères Durville, pour les docteurs Carton ou Kienné de Mongeot, tous “pères” ou précurseurs (car le naturisme de l’époque n’est pas celui d’aujourd’hui) du naturisme français, le naturisme est présenté avant tout comme une thérapie médicale.

L’accent est mis sur les bienfaits du soleil à une époque, le début du vingtième siècle, où l’on fait tout pour se protéger du soleil, où l’on se promène avec une ombrelle dès que le ciel est bleu, et où à la plage on est vêtu des pieds à la tête. (Les femmes portent robe longue à manches longues, les hommes portent pantalon, parfois les manches peuvent être courtes, hommes et femmes portent chapeau et chaussures de plage). On se déshabille à peine (dans les fameuses cabines rayées) pour se baigner : maillot allant jusqu’aux mi-cuisses et mi-bras).

Aussi, suggérer que la peau doive être exposée à la lumière du soleil, voilà qui est révolutionnaire à l’époque. Il ne s’agit pas toujours de nudité complète, mais un grand pas est franchi, dans ce qui est avant tout présenté comme une cure médicale.
On prend des bains de soleil comme on prend les eaux dans les stations thermales.

L’autre volet de la recommandation de ces médecins, c’est que le corps doit être libre (on trouve en Allemagne une trace de cette théorie, puisque les Allemands désignent le naturisme du nom de FKK, Frei Körper Kultur, c’est-à-dire culture du corps libre). Point donc de vêtements qui serrent, de corsets, et cela va jusqu’à pas de vêtements du tout, ou alors le “minimum” (que de nos jours on appelle string).

Aujourd’hui, qu’est-ce que ça change quelques centimètres carrés de tissu en plus ou en moins ?
Cela, c’est de l’histoire ancienne, dira-t-on, le naturisme s’est affranchi des justifications médicales (voire des alibis). Mais force est de constater que ces recommandations ont porté, bien au-delà des seuls naturistes : de nos jours, on ne porte plus de corsets, on se déshabille à la plage, on vit souvent au grand air, et le maillot de bain que portent les “textiles” (c’est ainsi que les naturistes désignent ceux qui portent des vêtements pour bronzer et se baigner) n’a plus rien à voir avec celui d’il y a un siècle ou de l’entre-deux guerres.

Le terme naturisme changera de sens, sa connotation médicale disparaît (en gros depuis la seconde guerre mondiale) et il désigne aujourd’hui la pratique de la nudité collective.
Aussi, au-delà des bienfaits du soleil et du corps libéré de ses entraves, devons-nous nous “mettre à jour” les théories de ces pionniers.
Ne pas mettre de maillot de bain, vivre nu physiologiquement, est-ce que ça change réellement quelque chose?

Oui, et cela de plusieurs manières.

La nudité et le coup de soleil.
Notons tout d’abord que la nudité continue (le naturiste n’est pas nu qu’à la plage, il est nu du matin au soir et du soir au matin, sauf bien sûr si le temps ne le permet pas ou pour certaines activités) permet précisément, on va presque dire paradoxalement, d’éviter certains des dangers du soleil.

La journée estivale du “textile” se déroule souvent ainsi : le matin, on prend son petit déjeuner sur la terrasse, on va faire ses courses, on fait la cuisine et on déjeune, tout cela intégralement habillé bien sûr. Puis l’après-midi, on va à la plage, toute l’après-midi, et enfin on rentre en fin d’après-midi. On va à la plage aux heures les plus chaudes, car on appréciera (comme le naturiste d’ailleurs) de pouvoir se libérer de ses vêtements alors qu’il fait si chaud, et que c’est agréable d’avoir le soleil sur sa peau.

Mais, à rester ainsi à la plage, on s’expose aux coups de soleil et on surexpose sa peau aux U.V.
Le naturiste lui, qui est nu toute la journée, n’a pas besoin d’aller à la plage pour être nu. Il a pris son petit déjeuner nu devant sa tente ou sur sa terrasse, il a fait ses courses nu, il a disputé sa partie d’échecs ou de pétanque nu, il va chanter dans sa chorale nu encore (les activités, moyen privilégié de rencontres conviviales, sont très développées dans les centres naturistes).
Il déjeunera nu, et après, il pourra vivre en “horaires décalés”; il n’a pas ce besoin quasi vital d’aller à la plage dès le début d’après-midi, il pourra attendre que le soleil ne tape plus aussi verticalement (et entre les deux, plutôt que de rôtir recto-verso sur la plage, il fera sa sieste ou sa lecture à l’ombre d’un arbre).

Deuxièmement, sa peau s’est habituée progressivement au soleil. Il bronze régulièrement et non violemment, il bronze aux heures où le soleil n’est pas nocif, il alterne continuellement l’ombre et le soleil, ou le soleil tamisé par les arbres (alors que sur une plage, on n’a pas le choix, c’est le soleil tout entier, ou l’ombre d’un parasol).

Nudité; et hygiène
Relevons aussi une seconde objection, l’hygiène.
Certains nous disent que le naturisme n’est pas très hygiénique, qu’on se met du sable dans le sexe, qu’à s’asseoir nu là où d’autres se sont assis on s’échange saletés et sécrétions diverses.
Empressons-nous donc de rappeler une des règles de base du comportement naturiste : le naturiste ne pose jamais ses fesses directement sur une chaise où d’autres se sont assis ou pourront s’asseoir; il ne s’assied que sur sa propre serviette. C’est donc beaucoup plus hygiénique que de s’asseoir avec un short qui a gardé toute votre sueur (et qui vous met en sueur parce qu’il vous tient chaud), et la laisse sur la chaise (qui ne s’est jamais assis sur une chaise toute mouillée à la terrasse d’un café les jours de canicule?)

Ajoutons que le naturiste sera en général également beaucoup plus propre, car d’abord sans vêtements, il suera moins, et s’il sue, c’est si agréable de prendre une douche au premier point d’eau venu. (Quand on est habillé, il faut ôter tous ses vêtements pour se doucher; aussi ne prendra-t-on pas plusieurs douches par jour).
Enfin, cette douche sera complète, y compris les orifices. Si le “textile” se prend bien une douche complète le matin ou le soir, dans la journée, s’il se rince sur la douche de la plage, il n’ôtera pas son maillot, et donc gardera sur lui ses diverses sécrétions, comme il gardera aux endroits intimes les traces d’eau salée ou les diverses impuretés d’une eau de lac ou de rivière.
Et le sable qui s’introduirait dans le sexe si on est nu sur la plage?
Eh bien non, il ne s’introduit pas et ne reste pas! On n’est pas sexe grand ouvert, quand même! et en contact avec le sable; de plus, dès qu’on bouge, ce sable, si tant est qu’il y en ait eu, tombera aussitôt.
Qu’on y songe, si l’on a un maillot, si du sable s’est introduit (notamment quand on se baigne dans les vagues), eh bien il restera (et mouillé de surcroît), de même que resteront les diverses traces de poussières ou impuretés.
Le maillot pourrait effectivement protéger si l’on se lavait intégralement avant, et après, si après une baignade on se lavait intégralement nu avant de remettre un maillot, propre.

Dans les piscines de certains pays qui n’ont pas comme les Français les mêmes préventions contre la nudité, on voit dans les douches des panneaux “Pour des raisons d’hygiène, Mmes et MM les nageurs sont priés de se doucher entièrement nus”. En France, certains s’offusqueraient pour moins que ça (il en est même qui voudraient appeler la police!), et invoqueront “l’hygiène”.

Notons que pour un Scandinave ou un Finlandais (comme pour un Allemand ou un Autrichien, qui eux aussi pratiquent très souvent ces bains de chaleur), mettre un maillot au sauna paraîtra aussi incongru que d’y aller en chemise et pantalon. Et aussitôt il ajoutera : “Un maillot ? mais ce n’est pas hygiénique !”

Vous avez froid ? Déshabillez-vous !
Autre objection physiologique : “Je suis frileux”.
Peut-être, et le naturisme ne consiste pas être nu quoi qu’il en soit ; s’il a froid, le naturiste s’habille. En fait, on dira qu’il s’habille pour avoir chaud, et uniquement pour cela. Un maillot de bain n’a jamais tenu chaud, au contraire il tient froid s’il est mouillé. Nous pouvons même dire qu’un vêtement léger ne tient pas chaud si le soleil brille, même s’il fait frais. Par exemple, lorsqu’on est en montagne, on peut très bien prendre un bain de soleil (attention toutefois aux U.V. beaucoup plus forts en altitude) alors que la neige vous entoure, car le soleil darde directement votre peau ; si vous gardez un simple tricot de peau, vous aurez froid.

Plus hygiénique, moins exposé au coup de soleil et à l’hyper exposition (voire au coup de chaleur), adapté au climat pour peu que le temps soit clément, voici donc trois objections de certains au naturisme qui tombent si l’on prend la peine de s’interroger en toute objectivité.

Et les quelques centimètres carrés qui restent ?
Terminons enfin par un aspect qui pour les naturistes est essentiel : au-delà de l’hygiène et du soleil (car on peut admettre que dans certains campings non naturistes par exemple, on puisse ainsi vivre en maillot de bain du matin au soir, et de ce côté là, vivre un peu comme les naturistes, maillot en plus), le fait d’être intégralement nu procure d’éminents bienfaits au plan physiologique.

Qu’est-ce que ça change d’avoir ou de ne pas avoir un petit bout de tissu? diront les “textiles”.
– Tout, répondront les naturistes, et pour cela ils ajouteront souvent “il est difficile de le ressentir quand on n’a pas essayé”.
Tentons donc quand même, dans un article écrit, de voir ce que ça change.

Pour cela, un simple conseil, si vous êtes lecteur non naturiste de cet article : demain matin, en prenant votre bain ou votre douche chez vous, mettez un maillot de bain quand vous serez dans votre baignoire ou sous la douche.Vous ressentirez alors la contrainte que ce maillot de bain représente, contrainte proprement physique (car nous allons supposer que seul dans votre salle de bain, les questions d’être vu nu, du regard d’autrui, ne se posent pas).

Aussi n’est-on pas surpris de lire, dans les récits de “première fois” des naturistes, qu’il s’agit d’une véritable libération, libération non seulement mentale (le regard d’autrui), mais physique. On redécouvre son corps, tout entier. Le soleil, le vent, vous caressent sur tout le corps, sans cette “rupture” que présente un maillot de bain. Pas de rupture notamment entre le corps sec et le corps mouillé, entre le corps exposé au soleil et au vent et le corps caché derrière le tissu. Pas non plus de rupture au niveau de la circulation sanguine ou lymphatique, au niveau de la peau (peau qui est le premier “capteur” des sensations extérieures, du froid et du chaud, mais aussi au niveau du toucher).

Ce n’est pas que mentalement : physiquement aussi, on se sent bien. La sensation est que le corps est un.
De nombreux naturistes vous diront “quand on s’est baigné nu, ou quand on a pris un bain de soleil nu, ensuite, on ne peut plus remettre un maillot, c’est une véritable contrainte”. Et pour faire comprendre cela, j’en reviens à ma précédente suggestion: demain, prenez votre bain ou douche en maillot. (D’autres diront la même chose en ce qui concerne le pyjama, mais c’est un autre sujet, même si les parallèles sont très nombreux et que les sondages font apparaître que la quasi-totalité des naturistes dorment nus).

Et vous maintenant ?
Pourquoi alors tout le monde n’est pas naturiste?
Eh bien, disons en quelques mots que les obstacles sont avant tout d’ordre psychologique et d’ordre social. On a peur d’être vu nu, ou on craint ses réactions face à la vue d’autres personnes nues.

Quant à notre société, si par ailleurs elle exploite et surexploite la nudité, dans la publicité, pour faire de l’audimat, elle continue de présenter la nudité comme quelque chose d’osé, de transgressif, ou de nécessairement sexuel (si l’on est nu, c’est pour commettre un acte sexuel, ou c’est pour induire un comportement sexuel, éveiller des désirs sexuels).

Il serait long et ce n’est pas l’objet de cet article, de discuter ces assertions, mais nous espérons toutefois montrer que certaines objections à la nudité présentées avec des arguments physiologiques (le soleil, l’hygiène), servent de masque (on va même oser dire, de cache-sexe), à des objections d’ordre psychologique, moral ou social, et qu’en revanche, la nudité procure des sensations qui ne sont pas qu’au niveau psychologique, mais des bienfaits purement physiologiques.

Toute une éducation, un bon nombre de préjugés ou de conditionnements, ont créé chez nous des automatismes souvent inconscients. On se lave nu (notons que longtemps encore au vingtième siècle dans de nombreux pensionnats, on apprenait à ne pas se laver nu, on mettait une sorte de cape et on se lavait dessous, ou alors on se lavait dans le noir), mais pour beaucoup, on mettra un maillot pour nager et se bronzer comme on met des chaussures de tennis pour pratiquer ce sport. Fort heureusement, pour ceux qui seraient tentés de s’affranchir de ces contraintes, il existe en France de nombreux endroits de nature sauvage, de plages, de centres naturistes, où l’on pourra goûter le plaisir de la nudité et en mesurer les effets bénéfiques sur le corps et la santé.

Philippe Engammare
Vice-président de Natitude, chargé de la communication

[1] Histoire du naturisme, le mythe du retour à la nature – Arnaud Baubérot  – Presses universitaires de Rennes, Campus de la Harpe, 2 rue du Doyen Denis Leroy, 35044 Rennes cedex, 350 pages, 23€
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Helmut Boehnisch
9 septembre 2005 0h16

Je félicite monsieur Engammare pour cet article extêmement intéressant et éclairant sur le naturisme et la santé.
C’est en plus un texte vulgarisé à la portée de tout le monde. Un des meilleurs que j’aie lu sur la question.
Encore bravo!

Laulau
9 septembre 2005 10h36

Superbe article. Il résume vraiment bien la philosophie de vie naturiste, en l’opposant à celle textile.
Félicitations à Philippe Engammare !

vanessamour
10 septembre 2005 19h51

Je suis nouvelle et effectivement je suis heureuse de pouvoir lire de tels choses, car je pratique le naturisme depuis toute petite avec ma famille et ma soeur.

Dan07
17 septembre 2005 13h16

Voilà un trés bon article sur le naturisme et ses nombreux bienfaits.
On ne peut que souhaiter qu’il soit trés diffusé.
Je félicite Phillippr Engammare, que je ne connais pas, mais dont j’ai déjà plusieurs fois apprécié la réflexion et le sérieux dans les dérives de Nat-fr.

TORENU
21 janvier 2022 16h51
Réponse à  PhilE

Totalement en phase. Pas une virgule à changer. Tout les médecins (dont je suis) ne peuvent qu’être d’accord. Eux aussi sont encore un peu “bloqué” dans leur éducation, même si la faculté de médecine a tenté de les rééduquer !

GUY49
23 janvier 2022 11h51

Le naturisme quoi que vous disiez,c’est avant tout avoir une très grande ouverture d’esprit
envers la nudité et seuls les esprits bloqués contre la nudité,resteront toutes leurs vies des
textiles.

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