27 avril 2024
Bertrand Dautzenber...
 

Bertrand Dautzenberg, pneumologues pour la dépénalisation du cannabis

13 Messages
3 Membres
0 J'aime
1,883 Vu
jfreeman
Messages: 4326
VIP
Premier message du sujet
(@jfreeman)
Membre
Inscription: Il y a 19 ans

Pourquoi les pneumologues sont les mieux placés pour ouvrir le débat sur le cannabis ?

SANTÉ - Je suis pneumologue et je me suis exprimé récemment à l'antenne de France info pour inciter à la dépénalisation du cannabis. Cette question sera également débattue lors du congrès de la pneumologie qui se tiendra à Lille du 29 au 31 janvier 2016. Voici les raisons concrètes de ce positionnement.

Etat des lieux

Plus de 17 millions de français ont expérimenté le cannabis, 4,6 millions sont consommateurs et 1,4 millions en consomment plus de 10 fois par mois actuellement selon l'Office français des drogues et des toxicomanies. Le dernier Eurobaromètre sur la consommation de drogues en Europe place la France sur la première marche du podium de la consommation avec 45% d'utilisateurs dont 25% dans l'année alors que dans un pays tel que les Pays-Bas, la consommation des jeunes est de 29%, dont 15% dans l'année.

En outre, les jeunes français consomment majoritairement de la résine de cannabis mélangée à du tabac sous forme de joints, une forme de cannabis particulièrement nocive du point de vue du pneumologue en raison:
du tabac contenu qui contribue au maintien et à la récidive tabagique chez les très nombreux consommateurs qui ont été ou sont dépendants au tabac,
de la fumée qui est 6 fois plus chargée en particules et en monoxyde de carbone qu'une cigarette de tabac et provoque à côté des effets neurologiques du cannabis, des infections respiratoires, des bronchopathies chroniques obstructives (BPCO), des atteintes du poumon profond et des cancers du poumon.
Dans de nombreux pays la marijuana (les extrémités fleuries des plants de cannabis femelles) est utilisée seule, sans tabac. Dans les Etats américains où le cannabis a été toléré ou autorisé, la consommation se fait majoritairement à l'aide de vaporisateurs, gros vaporisateurs ressemblant à des théières permettant d'inhaler le cannabis à partir de petits sacs en plastique recueillant la vapeur ou vaporisateurs miniatures.

Un constat en apparence paradoxal

L'idée simple que, plus la législation sur un produit est répressive moins l'on consomme a prouvé son inefficacité lors de la grande prohibition de l'alcool aux USA dans les années 30 et en 2016 en France avec la prohibition totale du cannabis.

Dans les pays développés, il est frappant d'observer que plus la législation est répressive, plus la consommation est importante et qui plus est, se fait avec les produits les plus toxiques. Il existe un fossé entre le statut législatif du cannabis en France et la réalité de terrain vécue chez les jeunes. La France a une des législations les plus sévères, la loi de 1970, mais est le pays d'Europe où l'on consomme le plus de cannabis chez les jeunes. Cette consommation est bien moindre aux Pays-Bas, où pourtant la législation est beaucoup plus souple. Les actions de prévention, chez les jeunes ou en milieu de travail, sont, de plus, grandement gênées par le statut illégal du cannabis en France. A ce constat, on peut rajouter les effets collatéraux liés au trafic de ce marché qui se chiffre en milliards d'euros et minent la vie sociale dans de nombreux quartiers.

Un débat de santé publique difficile

Beaucoup d'organisations ou d'individus prônent la libéralisation de la législation du cannabis dans le but de faire la promotion de sa consommation, cette démarche conduit très logiquement à l'inquiétude des décideurs qui restent figés dans la loi de 1970 et ce blocage est la cause de la place le champion d'Europe de la consommation de cannabis et d'un type de consommation à forte toxicité pulmonaire.

La démarche en débat chez les pneumologues qui a un objectif clair de réduction des risques et de réduction de la consommation n'exclue en rien un changement de la législation, bien au contraire le nécessite. Mais pour aboutir à ce changement de législation, il faudrait une Simone Veil ou un autre politique qui soit capable de transcender les partis et que ceux-ci acceptent d'aborder sans tabou la réalité de cette consommation, diabolisée par beaucoup de parents et de décideurs politiques et complètement banalisée par les jeunes et d'aborder des solutions dans l'intérêt des français et de la France, sans chercher la critique de l'adversaire politique à des fins électorales attisées par des médias cherchant voire même provoquant le conflit entre les décideurs pour faire le buzz.

La prise en compte de la réduction du risque et de la consommation de cannabis n'est pas plus un problème de gauche que de droite, de ville que de campagne, c'est en revanche un problème qui touche les jeunes. L'eurobaromètre montre qu'ils sont 3% à vouloir une libéralisation complète, 14% à vouloir le statu quo et 83% une réglementation en remplacement de la pénalisation actuelle. Une nouvelle loi est nécessaire comme cela a été fait, malgré les difficultés, pour le tabac et l'alcool: on consomme en France 50% moins de tabac et 25% fois moins d'alcool par habitant qu'au moment du vote il y a juste 25 ans depuis la loi Evin du 10 janvier 1991, deux drogues légales encadrées de façon pragmatique par la législation alors que la consommation de cannabis qui est totalement prohibée en France a augmentée de 20%.

Des solutions proposées dès maintenant aux praticiens pour aider les consommateurs à réduire le risque: Ne plus utiliser de tabac
Chez tout fumeur ou ancien fumeur dépendant au tabac ne voulant pas quitter le cannabis, conseiller:
soit d'utiliser des plantes à fumer telles que décrites dans l'article 21 de la Directive 2014/40/UE sur les produits du tabac qui va être transposée en droit français d'ici mai 2016. Ces plantes peuvent être achetées en 2 clics sur internet ou dans certaines herboristeries.
soit de ne consommer que de la marijuana (de l'herbe) pour éviter la dépendance nicotinique.
Bien entendu en insistant sur le fait que l'arrêt de toute consommation est le bon objectif et que cet objectif de réduction du risque n'est qu'un pis-aller pour la santé.
Utiliser des systèmes de vaporisation plutôt que des joints

Chez tout fumeur de cannabis, le médecin qui ne peut obtenir l'arrêt de la consommation peut comme pis-aller recommander la réduction du risque respiratoire en utilisant des systèmes de vaporisation (sans fumée) encore peu répandus en France.

Néanmoins, que ce soit avec de gros vaporisateurs qui vaporisent la plante ou des petits vaporisateurs portables de cannabinoïdes ressemblant à des e-cigarettes sur lesquelles on dépose une goutte de produit, les risques pulmonaires sont à priori bien moindres qu'avec les joints, bien que la température de chauffe soit proche de celle des techniques de dry-hit utilisés par certains vapoteurs avec leurs e-cigarettes.

L'analyse précise des produits et techniques de vaporisation dans les nombreux états aux USA devrait rapidement permettre de mieux cerner aussi bien les dispositifs de vaporisation que les produits du cannabis à vaporiser. Comme on a pu le constater avec l'e-cigarette, les pays où cette utilisation est légale ont eu rapidement accès à des produits du cannabis et des appareils de qualité alors que dans ceux où l'utilisation est illégale, beaucoup de produits restent de piètre qualité, comme c'est le cas actuellement en France pour le cannabis.

Les dangers potentiels des cannabis de synthèse

La commercialisation sur internet, de quelques 130 cannabinoïdes de synthèse avec, pour certains d'entre eux des effets psychotiques puissants, pose problème. Une centaine d'entre eux -pourtant agissant sur les récepteurs CB1 ou CB2 du cannabis- sont en vente libre, seule une petite fraction de ces produits sont formellement interdits. Ils passent souvent à travers les mailles du filet tant la traçabilité est aléatoire. Ils se présentent le plus souvent en sachets de plantes à brûler imbibées de cannabinoïdes et se consomment sous forme de joints, exposant à la fumée. En l'état actuel des connaissances, on ne peut que déconseiller ces produits; mais il est possible que, dans le futur, certains apparaissent comme des produits de réduction du risque par une prise en vaporisation par rapport à la résine de cannabis fumée dans des joints avec du tabac.

12 Réponses
Messages: 7711
Assidu
(@desinscrit79)
Membre
Inscription: Il y a 14 ans

Merci Jacques de parler de ce sujet ( je ne voulais pas trop le faire moi même ) qui concerne ´´effectivement AU MOINS un tier de la population.
Bon courage pour les commentaires qui vont suivre 😉 :=!

Répondre

Amazon, gratuit pour vous et entre 2% et 4% pour le site

jfreeman
Messages: 4326
VIP
Premier message du sujet
(@jfreeman)
Membre
Inscription: Il y a 19 ans

:# La semaine dernière, j'ai eu l'occasion de bavarder avec ce professeur lors d'une soirée formation en pneumologie à l'Hôpital de Bligny.
C'était le jeudi 14 janvier dernier.
J'ai été surpris par sa décontraction, son ouverture d'esprit et sa simplicité.
Il venait juste de faire sa déclaration aux médias et avait remis au lendemain ses autres interviews pour pouvoir assurer la conférence.

Vous noterez que l'échange de Jean-Jacques Bourdin avec Laurence Rossignol en dit long sur le courage politique de nos dirigeants.
Il en serait d'ailleurs de même si l'on abordait avec eux le sujet anodin mais ô combien dérangeant du "naturisme en liberté".

Source du texte déposé en copier/coller : http://www.huffingtonpost.fr/bertrand-dautzenberg/pourquoi-les-pneumologues-sont-les-mieux-places-pour-ouvrir-debat-depenalisation-cannabis_b_9007216.html

Répondre
Messages: 7711
Assidu
(@desinscrit79)
Membre
Inscription: Il y a 14 ans

C'est intéressant de rappeler que le cannabis peut être consommé autrement qu'en joint ( mélangé à du tabac donc ).
D'autres modes de consommation s'avèrent moins nocifs pour la santé .

Répondre

Site easy-rencontres naturistes

Denis
Messages: 7683
Moderator
(@denis)
Membre
Inscription: Il y a 11 ans
Posté par: @steph22

C'est intéressant de rappeler que le cannabis peut être consommé autrement qu'en joint ( mélangé à du tabac donc ).
D'autres modes de consommation s'avèrent moins nocifs pour la santé .

Euh... C'est "intéressant" pour celui qui est tenté par la chose...

Pour ce qui est du mélange avec le tabac, au contraire j'ai compris de l'article du pneumologue que cela rendait le mélange encore beaucoup plus dangereux.

Répondre
Messages: 7711
Assidu
(@desinscrit79)
Membre
Inscription: Il y a 14 ans
Posté par: @Denis

Posté par: @steph22

C'est intéressant de rappeler que le cannabis peut être consommé autrement qu'en joint ( mélangé à du tabac donc ).
D'autres modes de consommation s'avèrent moins nocifs pour la santé .

Euh... C'est "intéressant" pour celui qui est tenté par la chose...

Pour ce qui est du mélange avec le tabac, au contraire j'ai compris de l'article du pneumologue que cela rendait le mélange encore beaucoup plus dangereux.
 

"...
Tu as bien compris. En revanche, la consommation par vaporisateur'( ou par voie orale ) semble moins dangereuse.
Comme toute action de prévention, évidemment´, ça ne sert que pour les utilisateurs. Une campagne de prévention contre l'alcoolisme ne s'adressera pas toujours aux abstinents ( si ce n'est pour ne pas qu'ils s'y mettent ).
Pareil pour les trucs du style "tabac info service" qui intéressent peu les non fumeurs. On est bien d'accord.
Les campagnes de prévention "cancer du sein " ne concernent pas trop les hommes non plus par exemple 😉

Répondre

Achetez via amazon, gratuit pour vous et entre 2% et 4% pour le site

Denis
Messages: 7683
Moderator
(@denis)
Membre
Inscription: Il y a 11 ans
Posté par: @steph22

Les campagnes de prévention "cancer du sein " ne concernent pas trop les hommes non plus par exemple 😉

Mais un peu tout de même, car contrairement à ce qu'on croit ça peut aussi concerner les hommes, et précisément parce que ce n'est pas surveillé les conséquences sont plus graves que pour les femmes car c'est souvent diagnostiqué trop tard.

Répondre
Messages: 7711
Assidu
(@desinscrit79)
Membre
Inscription: Il y a 14 ans
Posté par: @Denis

Posté par: @steph22

Les campagnes de prévention "cancer du sein " ne concernent pas trop les hommes non plus par exemple 😉

Mais un peu tout de même, car contrairement à ce qu'on croit ça peut aussi concerner les hommes, et précisément parce que ce n'est pas surveillé les conséquences sont plus graves que pour les femmes car c'est souvent diagnostiqué trop tard.
 

....
Voilà. Comme je disais "pas trop" . Et comme tu dis "un peu quand même" 😉

Répondre

Soutenez vivrenu quand vous achetez par l'intermédiaire d'amazon, cliquez c'est gratuit

jfreeman
Messages: 4326
VIP
Premier message du sujet
(@jfreeman)
Membre
Inscription: Il y a 19 ans

:# Par souci d'équilibre et de matière à réflexion, voici l'avis contraire et courroucé du professeur Jean Costentin
Source : http://www.jim.fr/medecine/actualites/pro_societe/e-docs/legaliser_le_cannabis_une_vraie_tres_mauvaise_idee__156970/document_edito.phtml

Légaliser le cannabis : une vraie très mauvaise idée !

Paris, le samedi 13 février 2016 - Depuis plusieurs années, l'apparente inefficacité de la stratégie prohibitionniste pour empêcher la progression de la consommation de cannabis a inspiré certains observateurs du monde politique à préconiser une autre approche, soit une autorisation sous contrôle de cette substance. Une telle stratégie permettrait, selon eux, de mieux réglementer la distribution et la composition de ce produit et de renforcer les mesures de prévention et d'accompagnement des sujets les plus à risque remarquent les défenseurs de cette position.

Récemment, le professeur Bertrand Dautzenberg, acteur majeur de la lutte contre le tabagisme, a défendu une proposition semblable lors du 20ème congrès de pneumologie de langue française après avoir exposé son point de vue devant la presse. Il avait bien sûr pris soin de rappeler : « Je suis contre le cannabis comme je suis contre le tabac. Il ne faudrait pas en prendre du tout ». Cette précaution oratoire n'a cependant pas empêché que de nombreuses critiques fusent contre sa proposition.

Ardent pourfendeur du cannabis, qui s'attèle à en rappeler systématiquement les dangers, le professeur en pharmacologie Jean Costentin s'insurge sévèrement et non sans ironie contre les préconisations du professeur Dautzenberg n'hésitant pas à affirmer que ce dernier a imaginé un stratagème pour faire régresser la consommation de tabac en ignorant la toxicité extrême du cannabis, qu'il rappelle pour sa part de manière détaillée. Il s'inscrit par ailleurs en faux contre l'idée selon laquelle une autorisation obtiendrait des résultats plus probants qu'une interdiction.

Par le professeur Jean Costentin

Le professeur Dautzenberg vient d'imaginer, pour baisser la consommation de tabac, de lui substituer le cannabis. Souvent un chercheur réserve au congrès où il doit s'exprimer, la primeur de ses déclarations, qui pourront ultérieurement être portées à la connaissance du public. Impatient, Mr. Dautzenberg a irrépressiblement communiqué ses cogitations à la presse, avant de les soumettre à la discussion des spécialistes de pneumologie réunis en congrès à Lille. Comme il s'y attendait, la machine médiatique, si conciliante avec le cannabis, s'est enflammée. Elle vit aussitôt en lui : un « grand médecin », un « pape de la lutte anti-tabac », un « médecin réputé et reconnu », un « médecin de renom », « l'homme de science », un « éminent professeur » (on trouve tous ces propos laudatifs dans le Parisien - Aujourd'hui en France du 29 janvier 2016). Parions que s'il avait tenu des propos prohibitionnistes sur le cannabis, ils n'auraient pas été restitués, ou un entrefilet aurait rapporté qu'un obscur pneumologue avait expiré une bouffée de sottise d'un autre âge sur cette drogue. Ainsi, la déclaration du Pr. Dautzenberg, en faveur d'une légalisation du cannabis, a eu un très beau retentissement médiatique.

« Un homonyme ? »

Cette posture nous navre, et ce d'autant plus que nous avons épaulé la lutte qu'il a menée contre le tabac. Avec d'autres consoeurs et confrères qui ont soutenu son action nous sommes éberlués, secoués (succutés pour parler comme les pneumologues) par ses ruades et foucades. « Ce n'est pas lui ! », « Un homonyme ? », « La presse n'a pas compris ». J'ai entendu tout cela mais, hélas, ni ses dénégations, ni ses démentis, ni ses protestations. Oui donc, Mr. Dautzenberg, pour alléger l'insupportable pression qu'exerce le tabac sur la santé de nos adolescents, a imaginé une manoeuvre de diversion, visant à transférer leur appétence tabagique sur le cannabis. Pire qu'une fausse bonne idée il s'agit d'une vraie très mauvaise idée.

Le champ des substances psychoactives trop petit pour le vaste appétit des jeunes

Les jeunes, à la question posée à la cantine du lycée : « poire ou fromage ? », répondent, avec ce bel appétit, apanage de leur jeune âge, « mais des poires et des fromages ! ». C'est par le tabac qu'ils apprennent à fumer et, dans la logique toxicomaniaque du « toujours plus, toujours plus fort », ils en arrivent aux "joints" ; ajoutant au tabac de la résine de cannabis, (haschish / shit) ; alternant les cigarettes du seul tabac avec des " joints". Pour éliminer le tabac associé au shit, Mr. Dautzenberg propose qu'ils fument seulement le cannabis plante ("l'herbe", "la beuh" en verlan, la "marijuana"), en permettant sa vente libre. Mais le compte n'y est pas, car ils veulent aussi le tabac ! Rappelons à Mr. Dautzenberg que l'adjonction de résine de cannabis au tabac, tout comme la présence naturelle de cette résine sur les fleurs et feuilles du cannabis, augmente de 200°C la température de combustion de l'élément végétal ; ce qui accroit sa décomposition thermique (pyrolyse) et génère ainsi 7 fois plus de goudrons cancérigènes que la combustion du seul tabac, et produit aussi cinq fois plus d'oxyde de carbone (CO).

Cocktail gagnant

L'association tabac-cannabis n'est pas fortuite ; le toxicomane demande aux effets stimulants de la nicotine de pallier les effets sédatifs / psycholeptiques du tétrahydrocannabinol (THC) du cannabis. Ce THC ne fait pas passer l'envie de la nicotine, tout comme la nicotine ne fait pas passer l'envie du THC. Alors qu'il est si difficile de s'affranchir d'une seule addiction, qu'elle soit à la nicotine ou au THC, quand les deux addictions sont installées il devient impossible de s'en affranchir. Bien que la nicotine rende plus volontaire, cette volonté ne permet pas de rompre avec le tabac. Le cannabis, lui, crée une aboulie, des troubles amotivationnels qui enlèvent jusqu'au désir même de s'en affranchir.

Une dangerosité cardiovasculaire plus importante que celle liée au tabac

On dispose de moyens, certes peu efficaces, pour aider au sevrage tabagique (varénicline, cytisine, bupropion..), alors qu'on est totalement démuni face à la dépendance cannabique.

Même pour un pneumologue, les effets du cannabis, encore plus que ceux de la nicotine, ne sauraient être cantonnés au seul appareil respiratoire, ni même au seul niveau somatique, car les conséquences cérébrales du cannabis sont nombreuses et majoritairement délétères.
Au niveau de la sphère O.R.L. et broncho-respiratoire, tabac et cannabis sont aussi dangereux l'un que l'autre.
Au plan cardio-vasculaire, le cannabis est encore plus dangereux que le tabac. Il est (devant le tabac) la troisième cause de déclenchement d'infarctus du myocarde ; il est à l'origine d'artérites des membres inférieurs chez des sujets jeunes (le tabac est moins impatient à déclencher ce trouble) ; il est à l'origine d'accidents vasculaires cérébraux, chez les sujets jeunes (là aussi le tabac est moins impatient pour frapper). Le cannabis est à l'origine de cancers du testicule du type « germinome non séminome », cancer qui n'est pas imputé au tabac.

Ravages sur le cerveau

C'est au niveau cérébral que la comparaison est encore, et de très loin beaucoup plus défavorable au cannabis. La nicotine stimule l'éveil, l'attention, la focalisation de celle-ci sur ce qui est pertinent, elle favorise la mémorisation. Elle réduit l'endormissement au volant, elle protégerait de la maladie de Parkinson... Le THC, lui, est sédatif / psycholeptique ; il est enivrant /ébriant ; il fait mauvais ménage avec la conduite automobile, surtout associé à l'alcool. Mi-janvier, en pleine ville, à Rouen, un conducteur ayant bu de l'alcool et fumé du cannabis a projeté sa voiture sur un arbre ; des six jeunes occupants, quatre ont été tués et deux autres très grièvement blessés.... Le cannabis, au long cours, induit anxiété et dépression avec, pour cette dernière, en embuscade, un risque suicidaire. C'est un très grand perturbateur cognitif ; il altère gravement les capacités d'éducation et d'apprentissage, que notre société, dans la compétition internationale, doit mobiliser d'une façon redoublée.

Le THC, inondant le cerveau en pleine maturation des adolescents, peut perturber très gravement celle-ci, au point d'engendrer des troubles psychotiques. Le THC peut soit induire la schizophrénie de novo, soit la décompenser, soit l'aggraver. Il crée de plus une résistance aux traitements symptomatiques qu'on lui oppose.

Des produits autorisés guère délaissés !

Le THC est un passage commun vers d'autres toxicomanies encore plus délétères (tous les héroïnomanes sont passés par la case cannabis). Quant à prétendre, comme l'a fait le professeur Dautzenberg, que c'est l'interdiction qui crée l'attrait, on se demande s'il avait bien présent à l'esprit le désastre des drogues licites, avec le chiffre des alcoolo-dépendants (4 à 5 millions) et celui des dépendants du tabac (13 millions). Si l'on ne compte encore "que" 1 600 000 consommateurs réguliers de cannabis en France, c'est parce qu'il est interdit. Prétendre que l'inclination à la transgression, assez fréquente chez les jeunes, fait de l'interdiction du cannabis la raison de son succès, amène très logiquement à penser que sa légalisation, les incitera à pratiquer cette transgression en s'adressant alors à des drogues encore plus "dures".

Le très mauvais exemple du contrôle du tabac

Prétendre que la légalisation du cannabis permettrait de contrôler sa vente, en l'interdisant aux mineurs (proposition avancée par les élus écologistes pour calmer les citoyens raisonnables) incite à rappeler que 70% des buralistes ne respectent pas l'interdiction de vente du tabac aux mineurs. Si, dans une démarche protectrice, le prix en était trop élevé, afin d'être dissuasif, ou si les produits proposés étaient trop faiblement dosés, fleuriraient aussitôt les produits de contrebande, vendus sous le manteau. On connait déjà trop bien tout cela, et ne cédons pas à l'invitation de réinventer l'eau tiède.

Gribouille

Le pouvoir d'accrochage du cannabis est très grand, comme en atteste son recrutement, en France, de 1 600 000 usagers réguliers, en dépit de son caractère prohibé. Constatant le recrutement énorme opéré par le tabac et par l'alcool, qui peut exclure que la légalisation du cannabis ne lui fera atteindre les niveaux de consommation de ces deux drogues licites.
Se protéger du tabac en s'abritant derrière le cannabis est une sottise, à la Gribouille, qui plongeait dans l'eau pour se protéger de la pluie.

L'urgence est d'éradiquer le tabac en renforçant son interdiction chez les mineurs, il n'est pas de leur faciliter l'accès, « par préciput et hors part », à une deuxième drogue encore plus nocive que le tabac.

Jean Costentin, professeur émérite de pharmacologie
Directeur de l'unité de neuropsychopharmacologie expérimentale associée au CNRS (1984-2008) ; directeur de l'unité de Neurobiologie clinique du CHU de Rouen (1999-2010) ;
Membre titulaire des académies nationales de Médecine et de Pharmacie ;
Président du Centre National de Prévention, d'Etudes et de Recherches sur les toxicomanies (C.N.P.E.R.T., depuis 2007).

Répondre
jfreeman
Messages: 4326
VIP
Premier message du sujet
(@jfreeman)
Membre
Inscription: Il y a 19 ans

:# Intéressant ce commentaire et la photographie de la Confrérie de Sancerre retrouvée sur la toile

Grand Inquisiteur Le 13 février 2016
Le 11/2 s'est tenu une réunion organisée par AVIESAN qui réunit INSERM et à propos du Cannabis et des jeunes.
Une forme de tribunal inquisitorial à charge contre le cannabis. Les gaulois résistent à ce produit des barbares.
Le Pr C croit dans la seule morale de l'île de la Cité. On y trouve Notre Dame, la préfecture de police, le tribunal et l'Hotel Dieu.
Le cannabis fait aujourd'hui beaucoup moins de dégât que l'alcool, apprenons à le connaître.
Notre société est lourde de problèmatiques sociales économiques et psychiques.
J'invite le Pr C à prendre le temps de s'occuper de ses addictions et de sa santé.

Dr BJ, Addictologue à Paris

Répondre

Souscrire abonnement pour accès articles et vidéos du site vivrenu

Denis
Messages: 7683
Moderator
(@denis)
Membre
Inscription: Il y a 11 ans

Merci de cette mise au point, qui rétablit l'équilibre.

Personnellement, d'où je suis (c'est à dire d'une planète où l'on ne consomme ni tabac, ni drogue, ni même de café, en fait toute substance reconnue pour modifier le comportement) je trouve que les effets du cannabis sont plus visibles sur les autres que ceux du tabac. Alors qu'on peut ne pas s'apercevoir tout de suite qu'une personne est fumeur de cigarettes (sauf bien sûr quand il faut qu'il laisse tout tomber pour aller fumer sa clope) il me semble qu'un fumeur de cannabis est davantage reconnaissable, avec des comportements caractéristiques (sautes d'humeur par exemple, en passant d'un extrême à l'autre, volubile puis soupe au lait, etc.).

De plus il semblerait que le cannabis modifie le cerveau en profondeur, d'une manière irréversible. Alors laisser entendre aux jeunes que ce serait moins dangereux que le tabac c'est tout simplement de l'inconscience.

Ou alors la motivation de certains est de diminuer la pression de la concurrence pour eux-mêmes ou leur famille (si les autres fument cette merde il ne seront plus bons à rien, on va pouvoir se ruer sur les postes et les emplois les plus intéressants).

A titre personnel c'est vrai qu'on pourrait s'en foutre, mais je trouve ces postures, qui se prétendent tolérantes et progressistes, vraiment lamentables.

Répondre
Messages: 7711
Assidu
(@desinscrit79)
Membre
Inscription: Il y a 14 ans

Une petite photo illustrant le cannabis et le naturisme : 😉

Message édité par : steph22 / 23-03-2016 09:59

...
Pour répondre à Olivier, je dirais que tout ce qu'on consomme à un effet sur nous. Certaines épices ou plantes sont des stimulants, d'autres des calmants.
Rendre illégal un végétal qui existe (qu'on le veuille ou non ), c'est nier une réalité.
Je pense donc qu'il faut faire de la prévention sur l'effet des différents produits, les conséquences de leur consommation (ou de leur abus ) , mais faire comme si une réalité n'existe pas, ce n'est pas la solution selon moi.

Message édité par : steph22 / 23-03-2016 10:08

Répondre

Amazon, gratuit pour vous et entre 2% et 4% pour le site

Page 1 / 2
Partager :
Site du portail naturiste francophone VivreNu.com   :  rencontres-naturistes.com   lenaturisme photos nudismlife.com   tousnus.fr   photos.naturistes   Revues Naturistes Vintage   World Naked Bike Ride WNBR Cyclonudistes   tv-naturiste  VivreNu TV  o2switch